Le principal parti d'opposition au Japon a remis lundi au Parlement une proposition de loi pour légaliser le mariage homosexuel, dans l'espoir d'inciter le gouvernement à évoluer sur la question avant le sommet du G7 en mai à Hiroshima.
Cette initiative du Parti démocrate constitutionnel (PDC, centre-gauche) n'a cependant pratiquement aucune chance de passer étant donné la large majorité parlementaire dont dispose le principal parti au pouvoir, le Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice).
Premier ministre critiqué
En 2019, une proposition similaire du PDC et d'autres partis d'opposition n'avait même pas été débattue au Parlement. Le Japon est le seul pays du groupe du G7 à ne pas reconnaître les unions de même sexe. Par ailleurs, aucune loi du pays ne sanctionne pour l'heure les discriminations contre la communauté LGBTQ+. «Je pense que c'est discriminatoire que de reconnaître légalement le mariage pour les couples hétérosexuels mais pas pour les couples de même sexe», a déclaré Chinami Nishimura, députée et secrétaire générale du PDC.
Une claire majorité de la population japonaise est aussi en faveur de la reconnaissance du mariage homosexuel, à en croire divers sondages. Cependant le gouvernement nippon avance à reculons sur ce dossier. Le premier ministre Fumio Kishida a estimé la semaine dernière que le fait de ne pas reconnaître le mariage entre personnes de même sexe n'était pas discriminatoire et anticonstitutionnel, ce qui lui a valu de vives critiques. Fumio Kishida avait jugé par le passé que la légalisation des unions de même sexe «changerait la société» nippone, et avait par conséquent appelé les parlementaires à se montrer «extrêmement précautionneux» sur la question.
Début février, Fumio Kishida a toutefois promptement limogé l'un de ses secrétaires qui venait de tenir des propos homophobes. Sur le mariage, la Constitution japonaise de 1947 se contente de dire qu'il «ne peut avoir lieu qu'avec le consentement mutuel des deux sexes», une formulation qui suscite de nombreux débats d'interprétation.
Plusieurs couples homosexuels au Japon tentent depuis 2019 de faire reconnaître par la justice que l'interdiction du mariage entre personnes de même sexe viole la Constitution, un autre moyen de faire pression sur le gouvernement. Mais les premiers tribunaux à s'être prononcés ont livré des décisions contradictoires et ambiguës.
Source: Le Figaro avec AFP