Au moins 148 personnes ont été tuées entre fin avril et début mai dans le nord de la capitale haïtienne en proie à des affrontements entre deux gangs rivaux, a annoncé mardi une organisation de défense des droits humains.
«Au moins cent quarante-huit personnes ont été assassinées dont sept bandits (…) exécutés par leur chef», a déclaré le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), après une enquête menée dans les quartiers attaqués par les bandes armées. Les Nations Unies avaient déjà, vendredi, alerté sur la gravité des faits en annonçant qu’au moins 75 civils avaient été tués, parmi lesquels des femmes et des enfants.
Dénonçant «un massacre d’une cruauté inouïe», le RNDDH indique, dans son rapport, que des personnes ont été tuées par balle ou à l’arme blanche. D’autres victimes ont été brûlées vives «à l’intérieur même de leurs maisons incendiées» ou «dans les rues, avec des pneumatiques».
Fosse commune
«Les femmes et filles assassinées ont pour la plupart été violées avant», rapporte l’association de défense des droits humains. L’organisation haïtienne témoigne de l’existence d’une fosse commune avec 30 cadavres, enterrés par l’un des gangs car les corps, abandonnés en pleine rue sous le soleil, entraient en décomposition.
D’autres corps ont eux été jetés, par les auteurs des meurtres, dans des puits ou des latrines. Au moins 9000 habitants de ces quartiers, devenus théâtre de cette guerre de gangs, ont fui leurs maisons et se sont réfugiés chez des proches ou dans des sites temporaires, tels que des églises et des écoles.
Si un calme apparent règne depuis plusieurs jours dans cette banlieue nord de la capitale haïtienne, beaucoup de ces personnes ne sont pas encore retournées chez elles, par peur d’une reprise des violences.
État de siège
Depuis plusieurs décennies, les bandes armées sévissent dans les quartiers les plus pauvres de Port-au-Prince, mais elles ont drastiquement accru leur emprise sur la ville et le pays ces dernières années, multipliant assassinats et enlèvements crapuleux.
Plus de deux semaines après le début de cette flambée de violence, le gouvernement haïtien ne s’est pas encore exprimé sur cette situation qui place la capitale en état de siège, empêchant toute sortie sécurisée par la route vers le reste du pays.
Depuis juin 2021, les autorités ont déjà perdu le contrôle du seul accès routier qui relie Port-au-Prince à la moitié sud du pays car, sur l’espace de deux kilomètres, la route nationale est totalement sous la maîtrise de bandes armées.
AFP