L'ONU a dénoncé vendredi la surveillance croissante des individus dans les espaces publics alors que certains pays utilisent les systèmes de reconnaissance biométrique pour surveiller les opposants politiques ou procéder à du profilage racial.
Dans un nouveau rapport sur «le droit à la vie privée à l'ère numérique», le bureau des droits de l'homme de l'ONU affirme que la plupart des autorités continuent à utiliser des systèmes de surveillance biométrique, «malgré l'absence de base légale».
La collecte et l'analyse automatisées de données à grande échelle, ainsi que les nouveaux systèmes d'identité numérisés et les vastes bases de données biométriques mettent en danger, selon l'ONU, le droit à la vie privé. «Les technologies numériques apportent d'énormes avantages aux sociétés. Mais la surveillance omniprésente a un coût élevé, qui sape les droits et étouffe le développement de démocraties dynamiques et pluralistes», a déclaré dans un communiqué Nada Al-Nashif, Haute Commissaire aux droits de l'homme par intérim.
Utilisations indues de la surveillance publique
«En résumé, le droit à la vie privée est plus que jamais en danger», a-t-elle ajouté. Ces systèmes de surveillance soulèvent de graves préoccupations quant à leur proportionnalité, compte tenu de leur caractère hautement intrusif et de leur large impact sur un grand nombre de personnes, selon l'ONU. La reconnaissance biométrique ne devrait être utilisée dans les espaces publics que «pour prévenir ou enquêter sur des crimes graves ou des menaces graves à la sécurité publique» et dans le respect des droits de l'homme, selon le rapport.
Or, indique le rapport, «la surveillance publique a été indûment utilisée, entre autres, pour identifier et suivre les dissidents politiques, pour procéder au profilage racial ou ethnique, pour cibler les communautés de lesbiennes, de gays, de bisexuels, de transgenres et de personnes intersexuées et pour évaluer si les personnes suivent les normes sociales».
De façon générale, l'ONU demande la mise en place de moratoires sur la vente de technologies de surveillance - tels que les logiciels espions et les systèmes de reconnaissance biométrique pouvant être utilisés dans les lieux publics - en attendant que soit fixé un cadre réglementaire garantissant les droits humains.
Par Le Figaro avec AFP