(AFP) - Le chef de la diplomatie américaine a obtenu mardi des talibans, au cours d'une visite officielle au Qatar, un nouvel engagement ferme sur le fait que les Afghans qui souhaitaient quitter le pays pourraient le faire sans entrave.
Le Qatar a de son côté réaffirmé que l'aéroport de Kaboul allait rouvrir bientôt, sans pour autant donner de date.
Antony Blinken, accompagné du secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, a déclaré lors d'une conférence de presse avoir reçu l'engagement des nouveaux maîtres de Kaboul qu'ils "laisseraient les personnes avec des documents de voyage partir librement".
"Nous les attendrons sur cette question", a-t-il ajouté. "La communauté internationale toute entière attend que les talibans respectent cet engagement".
L'administration de Joe Biden est sous pression face à des informations parfois confuses sur plusieurs centaines de personnes, dont des Américains, bloquées à l'aéroport de Mazar-i-Sharif, dans le nord de l'Afghanistan, selon Marina LeGree, directrice de l'ONG américaine Ascend Athletics.
Entre 600 et 1.300 personnes au total tentent de partir, parmi lesquelles 19 Américains, avec l'aide de son organisation et d'autres organismes, a-t-elle affirmé.
Sur ce dossier, M. Blinken a expliqué que les talibans n'avaient pas empêché de partir qui que ce soit muni de papiers en règle, mais que tous les passagers sur les vols charters n'en avaient pas. Il n'y a pas de "situation de type otages" à Mazar-i-Sharif, a-t-il assuré, faisant valoir que les Etats-Unis ne disposaient pas de personnel au sol.
"Nous ne sommes pas en mesure de vérifier la véracité des listes de passagers, d'identifier les passagers à bord de ces avions, les protocoles de sécurité, ni l'endroit où (les appareils) entendent se poser. Ce sont de réelles préoccupations", a-t-il expliqué. "Nous discutons à l'heure où je vous parle pour résoudre ces questions".
De leur côté, le Qatar et son allié turc travaillent depuis plusieurs jours pour rouvrir l'aéroport de Kaboul, dont les structures ont été débordées après la prise de pouvoir des talibans mi-août, puis fermées après le départ des Américains.
L'aéroport est essentiel, notamment pour l'acheminement d'une aide humanitaire indispensable aujourd'hui, et plus encore au fur et à mesure que l'hiver tombera sur l'Afghanistan.
- "Nous n'oublierons pas" -
Le Qatar est devenu un acteur incontournable de la crise, dans un rôle de médiateur neutre et influent. Il a en particulier accueilli les négociations conclues en 2020 entre les Etats-Unis de Donald Trump et les talibans, puis entre ces derniers et l'opposition afghane du président désormais déchu, Ashraf Ghani.
Cette visite à Doha d'Antony Blinken et LLoyd Austin est la première dans la région de hauts responsables américains depuis le 15 août et le départ deux semaines plus tard des derniers soldats américains de Kaboul, dans des conditions effroyables.
Lundi soir, les deux hommes ont été reçus à dîner par l'émir Tamim ben Hamad Al-Thani. "Beaucoup de pays sont intervenus pour participer aux évacuations en Afghanistan mais aucun n'en a fait plus que les Qataris", a salué M. Blinken mardi, en évoquant les quelque 58.000 réfugiés passés par Doha.
"Les hommes, femmes et enfants qui sont passés par là n'oublieront pas, nous non plus", a-t-il martelé solennellement, relevant que Doha avait fourni notamment 10.000 repas trois fois par jours, ouvert ses hôpitaux, coordonné le travail des organisations humanitaires.
M. Blinken devait par la suite rencontrer les responsables d'Al Udeid, la base militaire américaine installée au Qatar et sur laquelle sont hébergés des milliers de réfugiés afghans.
Il partira mercredi matin pour la base aérienne de Ramstein en Allemagne, qui accueille temporairement des milliers d'autres Afghans en route pour les Etats-Unis. Il coprésidera avec son homologue allemand Heiko Maas une réunion virtuelle des ministres d'une vingtaine de pays, sorte de "groupe de contact" naissant sur la crise afghane.
M. Austin, pour sa part, effectue une tournée dans le Golfe qui le mènera aussi à Bahreïn, au Koweït et en Arabie saoudite.
Lundi soir, un responsable américain avait indiqué que quatre ressortissants d'une même famille avaient quitté l'Afghanistan par voie terrestre dans le cadre de départs arrangés par les Etats-Unis, pour la première fois depuis leur retrait fin août du pays. Les talibans avaient été mis au courant et "ne les ont pas empêchés" de quitter l'Afghanistan, avait-il ajouté, sans préciser dans quel pays frontalier ces ressortissants américains étaient entrés.
AFP