Darfour- Le gouvernement soudanais a déclaré lundi qu'il était encore possible de parvenir à un accord avec l'Éthiopie sur le méga-barrage sur le Nil Bleu, le jour même où Addis-Abeba a annoncé l'achèvement de la deuxième phase de remplissage.
Dans un communiqué cité par l'agence de presse Efe, le ministère soudanais des Ressources en eau a réitéré que Khartoum rejette "les mesures unilatérales de l'Éthiopie", qu'il accuse d'ignorer "les intérêts légitimes" de ses voisins, qui craignent que les infrastructures ne limitent le débit du fleuve Nil.
Dans la note, citée par Lusa, le département du gouvernement soudanais affirme que « la meilleure alternative à l'approche éthiopienne (...) est de poursuivre les négociations, de bonne foi, pour parvenir à un accord juridique contraignant et global qui protège les intérêts de tous les parties".
Le ministère des Ressources en eau considère également qu'"il n'est pas trop tard" pour qu'un accord soit signé avec Addis-Abeba et Le Caire.
Actuellement, le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD) est achevé à 80 % et devrait atteindre sa pleine capacité de production d'ici 2023, ce qui en fait la plus grande centrale hydroélectrique d'Afrique et la septième au monde, selon les agences des médias d'État.
Après l'échec des derniers cycles de négociations, tenus entre le 4 et le 6 avril sous les auspices de la présidence tournante de l'Union africaine, l'Éthiopie a déclaré qu'elle avancerait dans le processus de remplissage du GERD et qu'elle a fait une offre à l'Égypte et au Soudan pour faciliter l’échange d'informations sur le processus, ce que les deux pays ont rejeté.
Le Caire et Khartoum, à leur tour, ont mis en garde Addis-Abeba contre toute "action unilatérale", affirmant que, dans cette éventualité, "toutes les options seront ouvertes".
Les deux États considèrent que le processus de remplissage des barrages pourrait sérieusement affecter les niveaux d'eau du Nil dans leurs sections respectives.
Sous l'anonymat, un responsable du gouvernement d'Addis-Abeba a déclaré mardi, à l'Agence France-Presse (AFP), que la deuxième phase de remplissage est terminée et devrait être officialisée dans les prochains jours.
Le GERD, évalué à plus de 4 milliards de dollars (plus de 3,5 milliards d'euros), devrait collecter 13,5 milliards de mètres cubes d'eau du Nil bleu pendant la saison des pluies, portant la réserve à 18,4 milliards de mètres cubes, selon ce ministère.
Le Nil bleu, un fleuve qui se confond avec le Nil blanc et le fleuve Atbara, est l'un des principaux contributeurs au fleuve Nil, représentant jusqu'à 80% de l'eau de ce dernier pendant la saison des pluies.
Le Soudan et l'Égypte craignent que la construction du projet, qui permettra à l'Éthiopie de générer 6 000 mégawatts d'électricité, ne ramène le débit du Nil sous le contrôle de l'administration éthiopienne.
L'Éthiopie, pour sa part, considère le projet comme stratégique pour son développement, tant en termes d'irrigation qu'en termes de production d'électricité.
À environ 6 000 kilomètres, le Nil est une source vitale d'approvisionnement en eau et en électricité pour une dizaine de pays d'Afrique de l'Est.