Le président du Malawi, Lazarus Chakwera, en a appelé mercredi à l’aide internationale pour faire face aux ravages du cyclone Freddy, «une tragédie nationale», qui a fait au moins 225 morts dans ce pays pauvre d’Afrique australe.
Le chef de l’État a décrété deux semaines de deuil national, avec les drapeaux mis en berne pendant les sept premiers jours. «Ce cyclone est le troisième en 13 mois à frapper notre pays. Une preuve des réalités du changement climatique», a-t-il estimé lors d’un discours télévisé.
En déplacement plus tôt à Blantyre (sud), capitale économique et épicentre de la catastrophe, il a assisté à une cérémonie pour les victimes du cyclone. «C’est une tragédie nationale», a-t-il déclaré muni d’un imperméable et de bottes de pluie.
«Je lance un appel aux partenaires internationaux et aux donateurs pour qu’ils apportent une aide supplémentaire face aux destructions et aux dégâts causés par le cyclone tropical Freddy», a-t-il poursuivi.
Des dizaines de personnes en deuil étaient présentes au rassemblement organisé dans une école du township de Chilobwe, près de Blantyre. Vingt et un cercueils ornés de couronnes de fleurs étaient alignés sous une tente, protégés de la pluie fine et continue.
Une réunion ministérielle d’urgence a autorisé le déblocage de 1,6 milliard de kwacha (1,5 million de dollars) pour aider les populations affectées. «Mais je peux déjà vous dire que cet argent ne suffira pas», a souligné M. Chakwera dans son discours.
«Quasiment une île»
D’une longévité exceptionnelle, Freddy avait déjà frappé l’Afrique australe fin février, faisant 17 morts, avant de refaire le chemin inverse début mars.
Avec des vents moins puissants mais charriant des pluies torrentielles, le cyclone a provoqué de fortes inondations et des glissements de terrain meurtriers au Malawi, pays enclavé où l’état de catastrophe a été déclaré. La police et l’armée ont été déployées.
Plusieurs dizaines de personnes sont encore portées disparues. Le président Chakwera s’est engagé à «intensifier» les recherches.
Plus de 88 300 autres sont sans foyer. Des écoles et des églises ont été transformées en hébergements d’urgence. Au total, 165 centres ont été ouverts. Une douzaine d’établissements de santé ont été impactés par les destructions.
Les destructions sont «énormes», a expliqué à l’AFP Felix Washon, porte-parole de la Croix-Rouge du Malawi qui mène des opérations de secours. Et les ponts effondrés et le niveau des eaux encore élevé à certains endroits rendent encore plus difficiles les opérations de sauvetage. Des survivants ont été retrouvés sur des arbres et des toits.
À Chilobwe, les habitations vulnérables faites de briques et de terre ont été ravagées par d’impressionnantes coulées de boue.
Mais la vie a déjà lentement repris son cours, les marchés et les commerces ont rouvert.
Il y a deux jours à peine, dans ce même quartier déshérité, familles et sauveteurs fouillaient la boue parfois à mains nues, dans l’espoir de retrouver un proche.
«Il y a des morts ici, tout autour», affirme Fadila Njolomole, 19 ans.
L’ONG Médecins sans frontières (MSF), présente sur place, craint un bond des cas de choléra dans le pays qui lutte déjà contre une épidémie meurtrière de cette maladie.
D’après les dernières prévisions, Freddy devrait se dissiper sur les terres mais les pluies risquent de persister encore plusieurs jours.
Le cyclone a également frappé le Mozambique voisin à son deuxième passage. Un bilan encore partiel fait état de 21 morts. Dans la ville côtière de Quelimane (centre) à une quarantaine de km de l’endroit où le cyclone a atterri, la pluie n’a pas cessé depuis le week-end.
De nombreuses maisons sont détruites, les toits arrachés et des routes coupées: «La ville est quasiment une île», selon Thomas Bonnet de l’ONG Friends in Global Health, sur place.
Le président Filipe Nyusi était attendu dans la région mercredi.
Freddy, qui a fait une traversée inédite de plus de 8,000 km d’est en ouest dans l’océan Indien, sévit depuis plus de 35 jours. Il est en passe d’être classé comme le cyclone le plus long de l’histoire par les météorologues.
Source: TdG avec AFP