Bissau - Le président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, a ordonné mercredi au ministre de l'Intérieur d'arrêter le père ou le maître coranique de tout enfant surpris en train de mendier dans la rue.
Embaló, qui s'exprimait dans la ville de Cumpanghor, dans la région de Gabu, à l'est du pays, lors de l'inauguration d'un complexe scolaire construit par une organisation non gouvernementale turque, la mendicité des enfants dans les rues de Bissau constitue "une véritable honte", une situation qui, selon lui, qui préoccupe les autorités et les Nations Unies.
S'exprimant dans le dialecte peul, son appartenance ethnique, Embaló a demandé aux personnes présentes pourquoi les enfants de la région de Gabu - dont il est originaire - sont les seuls à mendier dans les rues du pays.
"Pourquoi cela ? Ils veulent me dire que seuls nos enfants sont musulmans. Cette situation n'est pas une recommandation islamique, envoyer un enfant mendier est un acte criminel, cela n'a rien à voir avec l'islam", s'est défendu le président guinéen.
S'adressant spécifiquement au nouveau ministre de l'Intérieur, Soares Sambú, qui est également le vice-Premier ministre guinéen, Umaro Sissoco Embaló a donné l'ordre de mettre fin à la mendicité des enfants en Guinée-Bissau.
"Je donne une semaine au ministre de l'Intérieur pour mettre fin à l'enfant talibé. L'enfant qui est surpris en train de mendier, son père ou son maître coranique sera arrêté par la police", a déclaré le président guinéen.
Enfant talibé est le nom donné aux élèves de l'enseignement coranique. Ce sont des enfants qui se déplacent de leur milieu familial vers les centres urbains, notamment Bissau et le Sénégal pour apprendre le Coran, mais qui en réalité finissent par mendier.
Le président de l'Association guinéenne de lutte contre la migration irrégulière et la traite des êtres humains, Suleimane Embaló, a dénoncé la semaine dernière que la mendicité des enfants en Guinée-Bissau prend une "proportion hors du commun".
Le militant a fait part de la même inquiétude au président de la Guinée-Bissau, qui l'a également reçu en audience la semaine dernière.