Le Front de salut national (FSN), une coalition de partis d’opposition en Tunisie dont fait partie la formation d’inspiration islamiste Ennahda, a annoncé, mercredi 7 septembre, qu’il boycotterait les législatives prévues le 17 décembre pour remplacer le Parlement dissous.
Ahmed Néjib Chebbi, le chef du FSN, estime que les élections auront lieu sur la base d’une loi électorale dont le président Kaïs Saïed « accapare la rédaction ». Selon lui, le scrutin s’inscrit « dans le cadre d’un coup d’Etat contre la légitimité constitutionnelle ».
Après des mois de blocages politiques, Kaïs Saied avait suspendu le Parlement, dominé par Ennahda, et limogé le gouvernement, le 25 juillet 2021, pour s’arroger les pleins pouvoirs, faisant vaciller la jeune démocratie dans le pays d’où les révoltes du « printemps arabe » étaient parties en 2011.
En juillet, il a fait adopter lors d’un référendum largement boycotté une nouvelle Constitution instaurant un régime hyperprésidentiel. Un texte en rupture avec celui en vigueur depuis 2014, qui limitait volontairement le rôle du chef de l’Etat pour éviter des régimes comme la dictature de Zine el-Abidine Ben Ali et la dérive autocratique du héros de l’indépendance Habib Bourguiba.
La nouvelle Constitution ne prévoit pas de procédure de destitution du président, qui nomme le chef de gouvernement et les ministres et peut les révoquer à sa guise. Une deuxième chambre est créée au sein du Parlement pour représenter les régions et contrebalancer l’Assemblée du peuple.
Le Monde avec AFP