LONDRES (Reuters) - La Commission européenne et le gouvernement britannique ont déploré l'absence de progrès dans leurs négociations commerciales sur l'Irlande du Nord mercredi à l'issue de nouvelles discussions entre les deux parties.
Maros Sefcovic, vice-président de la Commission européenne chargé de veiller au respect de l'accord post-Brexit, a souligné à l'issue d'un entretien à Londres avec le ministre britannique chargé du dossier, David Frost, que l'exécutif européen commençait à perdre patience et envisageait d'accélérer les préparatifs d'un recours judiciaire contre les Britanniques, qui pourrait aboutir à l'instauration de taxes ou de quotas.
Il a également mis en garde contre toute décision unilatérale des Britanniques dans cet épineux dossier nord-irlandais, en prévenant que l'UE réagirait rapidement.
Londres a déjà prolongé jusqu'à fin juin un moratoire sur la mise en oeuvre de contrôles de certains produits entre l'Irlande du Nord et la Grande-Bretagne prévue par le protocole négocié dans le cadre de la sortie du Royaume-Uni de l'UE.
"Si le Royaume-Uni venait à prendre de nouvelles mesures unilatérales dans les semaines à venir, l'UE (...) réagirait rapidement, fermement et résolument pour s'assurer que le Royaume-Uni se conforme à ses engagements internationaux", a déclaré Maros Sefcovic.
De son côté, le gouvernement britannique s'est dit préoccupé dans un communiqué quant à l'absence de progrès significatifs sur de nombreux points.
"Le Royaume-Uni est inquiet qu'aucun progrès substantiel n'ait encore été fait dans de nombreux domaines", a-t-il dit, mentionnant les échanges de produits alimentaires, les voyages des animaux domestiques ou les quotas d'acier.
"De nouvelles discussions sont nécessaires en urgence pour faire de réels progrès, en particulier pour éviter les ruptures d'approvisionnement de fournitures essentielles comme les médicaments", a-t-il ajouté.
Depuis le retrait effectif du Royaume-Uni de l'Union européenne en janvier 2020, les relations avec les Vingt-Sept se sont détériorées, chaque camp accusant l'autre de mauvaise foi dans l'application du protocole nord-irlandais.
Cet accord prévoit des contrôles sur certaines marchandises transitant entre la Grande-Bretagne et l'Irlande du Nord afin d'éviter le rétablissement d'une frontière physique entre la province britannique et la République d'Irlande.
Londres invoque le risque de pénuries dans les supermarchés nord-irlandais et de tensions avec les unionistes pour justifier le moratoire sur les contrôles.
"Si Bruxelles est sourd aux problèmes, notre gouvernement devra agir unilatéralement pour protéger l'Irlande du Nord", a déclaré le chef du Parti unioniste démocrate (DUP), Edwin Poots, dans un communiqué, appelant à la suppression du protocole nord-irlandais.