Luanda- L’Assemblée-Générale des Nations Unies (ONU) a adopté sans vote, lundi, une résolution par laquelle elle décide de proclamer le 24 juin de chaque année « Journée internationale des femmes dans la diplomatie ».
Même si elles voient trop souvent leurs contributions « gommées » de l’histoire, les femmes, a rappelé le Président de l’Assemblée générale, M. Abdulla Shahid, ont contribué à façonner le multilatéralisme. Après lui, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohammed, a témoigné de l’engagement de l’ONU pour la parité des sexes, dans le monde entier et au sein même de l’Organisation.
S’il a rappelé les multiples contributions des femmes diplomates et leur rôle, notamment dans la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme, M. Shahid, a regretté qu’elles continuent de faire les frais du sexisme. C’est pourquoi, a-t-il insisté, leur histoire doit être racontée de façon à illustrer les efforts déployés au niveau international pour défendre l’égalité entre les sexes. Pour Mme Mohammed, cette égalité est essentiellement une question de pouvoir, or historiquement, a-t-elle fait remarquer, le pouvoir a été concentré entre les mains des hommes. La parité des sexes et le leadership égal des femmes sont donc des conditions préalables fondamentales pour un monde sûr, pacifique et durable pour tous. « C’est pourquoi les femmes doivent être à la table des négociations, c’est pourquoi leurs voix doivent être entendues et leurs contributions valorisées. »
Présentant la résolution, dont 187 États membres se sont portés coauteurs, la déléguée des Maldives a évoqué une « tribune » qui permet de sensibiliser davantage et de réfléchir aux avancées réalisées en la matière et aux mesures à prendre à différents niveaux pour les femmes diplomates. L’Union européenne y a vu un appel « à faire mieux et à montrer l’exemple », non sans noter qu’en 76 ans d’existence, « l’ONU n’a jamais eu de femme Secrétaire générale ».
En vertu de cette résolution, l’Assemblée générale invite en effet les États Membres, les organismes des Nations Unies, les autres organisations internationales et régionales et la société civile, y compris les organisations non gouvernementales, les établissements universitaires, les associations de femmes diplomates lorsqu’elles existent et les autres parties intéressées à célébrer la Journée internationale des femmes dans la diplomatie, de la manière qu’ils jugeront la plus appropriée, notamment dans le cadre d’activités d’information et de sensibilisation du public, « afin de favoriser la participation pleine et égale des femmes à tous les niveaux de la diplomatie ».
Au niveau le plus élevé, a précisé la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, nous avons atteint la parité entre les sexes au début de l’année dernière parmi les chefs et les chefs adjoints de mission, et nous nous efforçons de la maintenir. Grâce aux messages politiques de l’ONU visant à stimuler la participation des femmes et à lutter contre la violence sexiste en Iraq, par exemple, près de 30% de femmes ont été élues au Conseil des représentants en octobre 2021. Le Fonds pour la consolidation de la paix investit également dans des initiatives visant à lutter contre la violence à l’égard des femmes en politique et à promouvoir des processus politiques pacifiques et crédibles, en Guinée-Bissau, en Colombie ou en Sierra Leone. En conclusion, Mme Mohammed a encouragé à profiter de cette Journée annuelle pour réfléchir aux succès des femmes qui ont ouvert la voie et s’engager à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour promouvoir la cause des femmes diplomates jusqu’à ce que nous atteignions la parité dans chaque organisation et organe.
En attendant, a encore regretté la délégation de l’Union européenne, le mur des photos des 75 derniers présidents de l’Assemblée générale ne compte que quatre femmes. Et sur les 193 États Membres des Nations Unies, moins de 30% sont représentés par des ambassadrices à New York. Tous les organes des Nations unies ont adopté des engagements ambitieux en matière d’égalité des sexes, a fait valoir l’Union européenne, mais « le fait est que nous ne répondons pas à nos propres attentes ». Ce qui est vrai dans la diplomatie l’est aussi dans tous les secteurs de la société: la discrimination fondée sur le sexe, les stéréotypes et les normes négatives continuent d’entraver la participation et le leadership pleins et égaux, effectifs et significatifs des femmes. Pour que la parité des sexes devienne une réalité, nous devons également créer des environnements sûrs et favorables pour toutes les femmes et les filles, a plaidé l’Union européenne.
La déléguée de Grenade qui s’exprimait au nom du groupe des délégations qui ont permis de faire du 24 juin la Journée internationale des femmes dans la diplomatie, a salué, pour sa part, l’adoption de cette résolution qui a bénéficié d’un soutien « historique » des États membres. Un tel soutien, proche de l’unanimité, prouve, selon elle, notre volonté à tous d’arriver à l’égalité entre les sexes à tous les niveaux. « Nous sommes à la croisée des chemins dans le domaine du multilatéralisme. » De fait, a-t-elle elle aussi reconnu, entre 1992 et 2019 les femmes ne représentaient que 13% des négociateurs, 6% des médiateurs et 6% des signataires dans les principaux processus de paix au niveau international. Et sept sur 10 processus de paix ont exclu les femmes ! Elle a, dès lors, jugé fondamentale la présence transversale de la problématique homme-femme dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Source: Nations Unies