Les discussions prévues ces prochains jours, en Norvège, entre les nouvelles autorités talibanes et les diplomaties occidentales contribueront à «changer l’atmosphère guerrière» qui régnait en Afghanistan depuis l’intervention de la coalition américaine, il y a 20 ans, a déclaré, samedi, le porte-parole du gouvernement islamiste.
Nous avons pris «des mesures pour satisfaire les exigences du monde occidental et nous espérons renforcer nos relations diplomatiques avec tous les pays, y compris les pays européens et l’Occident en général», a expliqué Zabihullah Mujahid. Les talibans, au pouvoir depuis août après leur conquête éclair du pays, souhaitent «changer l’atmosphère guerrière en situation pacifique», a-t-il ajouté.
Washington, Paris, Londres, Berlin, Rome, Bruxelles…
Si aucun pays n’a pour l’instant reconnu le gouvernement des talibans, des discussions doivent s’ouvrir à Oslo, dimanche, entre les nouveaux maîtres de l’Afghanistan et les diplomaties occidentales. Une délégation talibane doit rencontrer les autorités norvégiennes et des représentants d’autres pays alliés, dont les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie, ainsi que ceux de l’Union européenne.
Le respect des droits humains, notamment ceux des femmes, érigé en condition d’un éventuel retour de l’aide internationale, qui finançait 80% du budget afghan, sera au centre de ces pourparlers, alors que le pays s’enlise dans une profonde crise humanitaire.
Forte hausse du chômage
Les discussions, qui doivent durer jusqu’à mardi, «ne constituent pas une légitimation ou une reconnaissance des talibans», a insisté, vendredi, la cheffe de la diplomatie norvégienne, Anniken Huitfeldt. «Mais nous devons parler aux autorités qui dirigent de facto le pays. Nous ne pouvons pas laisser la situation politique déboucher sur un désastre humanitaire encore plus grave», a-t-elle souligné.
Depuis août, l’aide internationale, qui portait l’Afghanistan à bout de bras, s’est soudainement arrêtée et les États-Unis ont également gelé 9,5 milliards de dollars (8,66 milliards de francs) d’avoirs de la Banque centrale afghane. Le chômage a explosé et les salaires des fonctionnaires ne sont plus payés depuis des mois. La famine menace aujourd’hui 23 millions d’Afghans, soit 55% de la population, selon l’ONU.
L’opposition condamne les discussions
À Oslo, les talibans doivent également rencontrer des membres de la société civile afghane, notamment des militantes féministes et des journalistes. Depuis leur arrivée au pouvoir, les femmes sont largement exclues des emplois publics et les écoles secondaires pour filles restent pour la plupart fermées.
La délégation de quinze représentants, composée uniquement d’hommes et dirigée par le ministre des Affaires étrangères, Amir Khan Mutaqqi, a quitté Kaboul samedi, à bord d’un avion affrété par le gouvernement norvégien, a précisé un porte-parole taliban sur Twitter.
Ces discussions ont été condamnées par le Front national de résistance (FNR), un groupe d’opposition qui continue de résister aux fondamentalistes islamistes. Elles risquent de «normaliser un groupe terroriste et d’en faire le représentant de l’Afghanistan», a estimé, vendredi, Ali Maisam Nazary, le délégué aux affaires étrangères du FNR.
Source: 20minutes