Washington - Le Parti républicain américain est incapable de masquer de profondes divisions internes, qui ont conduit à un choix difficile et prolongé de son chef à la Chambre des représentants, ce qui pourrait profiter aux démocrates et au président des États-Unis, Joe Biden.
Kevin McCarthy n'a réussi à se faire élire à la tête du groupe républicain à la Chambre des représentants du Congrès qu'à la 15e tentative, aux premières heures de samedi, face à la résistance d'un groupe d'ultraconservateurs - proche de l'ancien président Donald Trump - qui n'a réussi à gagner qu'après plusieurs concessions.
Dans ce scénario, les analystes américains estiment que la majorité républicaine à la Chambre des représentants est désormais devenue l'otage des extrémistes, qui peuvent facilement saper l'avantage politique de dominer un organe de pouvoir traditionnellement très efficace pour fournir un contrepoids à la Maison Blanche, dominé par les démocrates.
"Les républicains se sont battus pour rafler cette majorité. Mais elle pourrait devenir absolument inutile si les désaccords internes perduraient, au grand bonheur des démocrates, qui rêvent déjà de faire voter des lois, profitant des probables abstentions sur le banc adverse", explique Tom Adkins, analyste politique proche de la faction Tea Party.
Pourtant, pour Chip Roy - député républicain élu par le Texas et figure proche de Trump - cet épisode du choix de McCarthy peut être de bon augure d'une législature combative contre la domination démocrate à la Maison Blanche et au Sénat.
"Peut-être avons-nous besoin de 'casser la vaisselle', d'être entendus et de pouvoir nous battre pour le peuple américain", expliquait Roy, dans une récente interview télévisée, dans laquelle il plaidait en faveur d'une attitude de radicalisation des positions de son parti dans le domaine économique, afin d'avoir une démarcation sérieuse des politiques défendues par le président démocrate Joe Biden.
Cette faction plus radicale estime que le parti doit élaborer un programme économique qui réduit considérablement les impôts, avec l'avantage d'annuler ce qu'il considère comme la "mégalomanie des investissements publics" de Biden.
À un moment donné, pour tenter de dénouer l'impasse entourant l'élection du nouveau "speaker", la faction la plus conservatrice du Parti républicain a réussi à convaincre Trump de lancer un appel à voter pour McCarthy, afin de garantir une certaine cohésion au sein de la nouvelle majorité dans la chambre.
L'ancien président est apparu publiquement pour défendre le choix de McCarthy, mais quelques heures plus tard, le membre du Congrès a de nouveau échoué dans sa tentative de rassembler les 218 voix nécessaires, révélant que les divisions internes au parti sont bien plus profondes qu'une simple scission entre partisans de Trump et l'aile la plus modérée du parti.
Pour se faire élire, McCarthy - un membre du Congrès de 57 ans élu de Californie - a dû faire plusieurs concessions aux secteurs les plus radicaux de son parti.
En fait, les concessions faites étaient si nombreuses que, dans le Capitole, il y avait une anecdote selon laquelle on ne savait pas si McCarthy avait encore les deux reins ou s'il avait déjà été contraint de faire don de l'un d'eux pour obtenir les votes nécessaires.
La fragilité du nouveau "speaker" est telle qu'il a été contraint d'accorder son soutien à une proposition de modification du règlement de la Chambre, selon lequel un seul membre peut demander un vote pour le destituer.
