Le cocktail de baisses d'impôts et de hausse des dépenses promis par la nouvelle première ministre britannique Liz Truss pourrait remettre en cause la crédibilité budgétaire du Royaume-Uni.
Le taux d'emprunt à dix ans du Royaume-Uni est passé mardi au-dessus de 3% et évoluait au plus haut depuis 2011, sur fond d'inquiétudes budgétaires avec l'arrivée de Liz Truss à Downing Street. Très libérale, la nouvelle première ministre britannique a donné pendant sa campagne la priorité aux baisses d'impôts pour relancer l'économie, mais elle s'apprête aussi à aligner des milliards de livres d'aides aux ménages britanniques pour faire face à la crise du coût de la vie. Un cocktail de baisses d'impôts et de hausse des dépenses qui «met sérieusement en question la crédibilité budgétaire du Royaume-Uni», commente Geoffrey Yu, analyste chez iFlow.
Une perception de risque accru sur la dette britannique qui fait augmenter la rémunération et donc les taux d'intérêt assortis à cette dette. Le taux de la dette britannique à dix ans a ainsi touché 3,138% un peu avant 14H15 GMT, un plus haut depuis juillet 2011. La barre des 3% n'avait quant à elle plus été franchie depuis 2014. Si la confiance des marchés continue à s'éroder, «elle pourrait se transformer en crise de la balance des paiements dans l'hypothèse où les (investisseurs) étrangers refuseraient de financer» la dette britannique, prévient Shreyas Gopal, analyste chez Deutsche Bank.
Pour autant les craintes «d'un effondrement budgétaire ne sont pas justifiées», estime Geoffrey Yu, même si à court terme, le Royaume-Uni pourrait voir le coût de sa dette s'envoler, tiré aussi par l'inflation, sur laquelle les intérêts de certains bons sont indexés. Kwasi Kwarteng, donné comme futur Chancelier de l'Echiquier, s'est employé à rassurer les marchés lundi dans une tribune dans le Financial Times, assurant que le gouvernement Truss mènera une politique «financièrement responsable» et s'efforcera de réduire la dette dès que possible. La dette publique britannique, qui s'était déjà envolée avec les dépenses liées au Covid, représente plus de 95% du PIB.
Par Le Figaro avec AFP