Paris - La nouvelle configuration politique française, dans laquelle Emmanuel Macron a perdu sa majorité parlementaire, a retardé le retour de la session législative, qui devait commencer en septembre, rapporte Lusa.
Et les analystes s'attendent à ce que le Parlement produise moins de lois et prenne plus de temps.
Alain Laquièze, professeur de droit public à l'université Paris-Descartes, a déclaré à Lusa que la logique montre que nous aurons moins de textes adoptés dans les mois à venir par rapport aux autres débuts de législature.
Et ceux-ci seront plus courts, car plus il y aura d'articles, plus il y aura d'amendements présentés par l'opposition, dit Laquièze.
« Rien qu'avec l'adoption parlementaire forcée par le président d'un texte, en plus du budget, ça va être compliqué pour le Gouvernement », estime le spécialiste du droit constitutionnel et du parlementarisme français.
Pour le budget, le gouvernement français a inscrit dans la Constitution la possibilité d'une approbation sans la plénière.
Il s'agit de l'article 49.3 et son utilisation, à partir de 2008, était limitée aux lois de finances et à un seul projet de loi de plus par session législative.
Mais le recours à cette loi fait polémique, ayant conduit par le passé à de grandes manifestations comme celle soulevée par la loi Travail en 2016, avec le président français François Hollande.
L'universitaire a "des doutes" sur la méthode adoptée par le gouvernement dirigé par Elisabeth Borne pour discuter projet par projet au lieu d'entrer dans une solide coalition parlementaire avec le parti de droite, Les Républicains.
"Jusqu'à présent, la position d'Emmanuel Macron et d'Elisabeth Borne était de dire qu'ils chercheraient des majorités d'idées sur chaque texte et avec une géométrie variable, mais j'ai beaucoup de doutes sur cette méthode. C'est irréaliste", a expliqué le professeur d'université.
En juillet, lorsque les députés sont entrés en fonction et que la première mesure du second mandat de Macron a été approuvée, la loi sur le pouvoir d'achat, c'est avec les républicains que la majorité relative du président a trouvé des ententes et des compromis.
Du côté gauche, l'entente n'était pas possible, puisque la revendication n'était pas d'accorder des aides temporaires, mais une augmentation générale des salaires.
Les divergences entre la majorité et la gauche ont ramené les « projecteurs » sur le Parlement et le débat politique houleux a défrayé la chronique, ce qui ne s'était pas produit au cours des cinq dernières années.
La session parlementaire en France n'a pas commencé en octobre depuis 20 ans, un report qui permet au gouvernement d'essayer de trouver des alliés pour les différents textes "chauds" à portée de main, comme la réforme de l'indemnisation du chômage, du système des retraites ou encore de nouvelles mesures pour l'environnement.
La réforme du droit de l'immigration, sujet qui promet d'embraser la société française, a même été reportée à décembre.
Concernant les mesures urgentes, Alain Laquièze rappelle que le Président et le Gouvernement en France ont recours à d'importants pouvoirs législatifs, n'étant pas pris en otage par un Parlement sans accord dans les cas les plus urgents.