Au quatrième jour de l'invasion de l'Ukraine par Moscou, le président russe Vladimir Poutine a annoncé ce dimanche mettre en alerte la «force de dissuasion» de l'armée russe, qui peut comprendre une composante nucléaire.
«J'ordonne au ministre de la Défense et au chef d'état-major de mettre les forces de dissuasion de l'armée russe en régime spécial d'alerte au combat», a annoncé le président russe lors d'un entretien avec ses chefs militaires retransmis à la télévision. «C'est compris», a acquiescé le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou.
Les «déclarations belliqueuses de l'Otan»
Vladimir Poutine a justifié cette décision par les «déclarations belliqueuses de l'Otan» envers la Russie. Il a également critiqué les sanctions économiques prises à l'encontre de la Russie pour son invasion de l'Ukraine, selon lui «illégitimes».
Les forces de dissuasion russes sont un ensemble d'unités dont le but est de décourager une attaque contre la Russie, «y compris en cas de guerre impliquant l'utilisation d'armes nucléaires», selon le ministère de la Défense. Ces forces sont équipées de missiles, de bombardiers stratégiques, de sous-marins et de navires de surface. Sur le plan défensif, elles comprennent un bouclier antimissiles, des systèmes de contrôle spatiaux, de défense antiaérienne et antisatellite.
Interrogés sur la question, plusieurs experts ont estimé auprès de l'AFP que les déclarations russes entraient dans le cadre d'une volonté «d'impressionner» l'adversaire, assurant que ces armes nucléaires ne seront pas utilisées.
«Une conduite irresponsable»
Cette annonce n'a pas tardé à faire réagir la plupart des responsables occidentaux. «Il s'agit d'un schéma répété que nous avons observé de la part du président Poutine durant ce conflit, qui est de fabriquer des menaces qui n'existent pas afin de justifier la poursuite d'une agression», a dénoncé la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki. Mais, «à aucun moment la Russie n'a été menacée par l'Otan ou l'Ukraine», a-t-elle fait remarquer lors d'une interview sur ABC.
«C'est une rhétorique dangereuse. C'est une conduite qui est irresponsable», a surenchéri sur la chaîne CNN Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'Otan. En début de soirée, Stéphane Dujarric, porte-parole de l'ONU a dénoncé l'idée d'un conflit nucléaire, qui était, à ses yeux «inconcevable». «La simple idée d'un conflit nucléaire est tout simplement inconcevable», a-t-il martelé.
Par Le Figaro avec AFP