Les représailles du cartel criminel colombien du Clan del Golfo, après l'extradition de leur chef «Otoniel» aux États-Unis, ont fait au moins huit morts, civils, policiers et militaires, ont annoncé lundi 9 mai les autorités.
Depuis le lancement jeudi d'une «grève armée» par les membres du Clan del Golfo dans plusieurs villes et zones rurales du nord de la Colombie, «trois homicides de civils ont été signalés», selon un communiqué du ministère de la Défense. Trois soldats et deux policiers ont également été tués dans cette offensive du groupe criminel, selon l'armée. Le dernier incident en date a eu lieu lundi, dans la municipalité de Santa Fe (province d'Antioquia), où une «caravane humanitaire» escortée par des militaires a été la cible d'un attentat à l'explosif. «Un soldat et un membre de la police nationale ont été tués» et quatre autres membres des forces de sécurité ont été blessés, a indiqué le commandement militaire dans un communiqué.
Dairo Antonio Usuga David, alias Otoniel, 50 ans, chef du Clan et plus grand narcotrafiquant de Colombie, a été extradé mercredi aux États-Unis. Il y a plaidé non coupable devant un tribunal fédéral de Brooklyn des accusations de trafic international de cocaïne qui pèsent contre lui. En représailles, et dans une démonstration de force inédite à trois semaines de l'élection présidentielle colombienne, les hommes du Clan del Golfo ont interdit toute activité dans les zones où ils opèrent, dans des centaines de localités de neuf des 32 provinces de Colombie, essentiellement dans le nord du pays.
Via des messages audio relayés sur les réseaux sociaux, ils terrorisent les habitants en leur interdisant de se déplacer ou de se livrer à toute activité, sous peine d'être exécutés, selon le gouverneur de la province de Sucre, Hector Espinosa. Les narcotrafiquants, armes à la main, ont incendié au moins 190 véhicules, arrêtés un peu partout au hasard sur les routes, y compris sur des grands axes non loin de Medellín, la deuxième ville du pays. Face à la menace, la majorité des habitants des zones rurales des provinces d'Antioquia, Choco, Cordoba, Sucre et Bolivar - les départements les plus touchés - ont préféré rester chez eux.
Lundi, le président conservateur Iván Duque a promis une réponse plus ferme contre le Clan del Golfo qui, selon les estimations officielles, exporte entre 30 et 60% de la cocaïne produite dans le pays, premier fournisseur mondial de cette drogue. «Ils vont voir un déploiement qu'ils n'ont jamais vu contre cette structure», a affirmé M. Duque après un conseil de sécurité à Carepa, dans le département d'Antioquia (nord-ouest).
Par Le Figaro avec AFP