Le prince héritier d'Abu Dhabi, Mohammed ben Zayed, déjà dirigeant de facto des Émirats arabes unis, a été élu, samedi 14 mai, président de la riche monarchie du Golfe, succédant ainsi à son demi-frère, Khalifa ben Zayed al-Nahyane, mort la veille.
Mohammed ben Zayed, dit "MBZ", "a été élu à l'unanimité" par les membres du Conseil suprême de la fédération des Émirats, qui regroupe sept émirats dont ceux d'Abu Dhabi et de Dubaï, a indiqué l'agence de presse officielle WAM.
Troisième fils de cheikh Zayed ben Sultan al-Nahyane, premier président et père-fondateur de la fédération des Émirats, "MBZ", prince héritier de la capitale et émirat d'Abu Dhabi, était déjà aux commandes depuis qu'un accident cérébral, en janvier 2014, avait écarté Khalifa ben Zayed al-Nahyane.
Mohammed ben Zayed, 61 ans, a "remercié" les cheikhs du Conseil suprême fédéral "pour leur confiance".
L'élection de "MBZ" officialise sa position de leader du riche pays pétrolier de quelque 10 millions d'habitants, alors que le pays a entamé une période de 40 jours de deuil pour le décès, à l'âge de 73 ans, de cheikh Khalifa.
Mohammed ben Zayed hérite d'un pays pétrolier dont il était déjà le dirigeant de facto durant une décennie d'ascension diplomatique et militaire ayant placé cet État au cœur de la géopolitique du Moyen-Orient.
Politique plus affirmée
Sous la direction de "MBZ", les Émirats ont mené une politique plus affirmée sur la scène internationale. Pays allié de l'Arabie saoudite et des États-Unis, les Émirats de "MBZ" ont été le premier pays du Golfe à normaliser, en 2020, les relations avec Israël.
"MBZ" est aussi largement considéré comme celui qui a envoyé, en 2015, des troupes émiraties au Yémen dans le cadre d'une coalition menée par l'Arabie saoudite contre les rebelles houthis.
Considéré comme particulièrement hostile aux soulèvements populaires du Printemps arabe de 2011, "MBZ" peut compter sur la richesse d'Abu Dhabi, qui détient 90 % des réserves pétrolières des Émirats, pour affirmer sa puissance dans la région et afficher son soutien à certains régimes, comme celui de l'Égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
Des ONG ne manquent pas de déplorer les violations des droits humains, en particulier le sort d'Ahmed Mansour, un militant prodémocratie emprisonné depuis 2017. Elles critiquent en outre régulièrement les mauvaises conditions de travail des nombreux migrants aux Émirats et dans d'autres pays du Golfe.
Hommages de Washington, Londres et Paris
Juste après l'annonce du décès du président vendredi, ce dernier a été enterré au cimetière al-Bateen d'Abu Dhabi.
Plusieurs dirigeants du monde ont présenté leurs condoléances aux Émirats après ce décès. La France a rendu hommage à un "dirigeant respecté de tous". L'Élysée a par ailleurs annoncé qu'Emmanuel Macron se rendrait dimanche à Abu Dhabi pour "exprimer son soutien" à Mohammed ben Zayed.
La disparition du Cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyane endeuille Abou Dabi et les Émirats arabes unis.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 13, 2022
Mes pensées vont à son frère le Prince héritier @MohamedBinZayed, à toute sa famille et au peuple émirien.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson se rendra lui aussi aux Émirats dimanche pour rendre hommage à l'ancien président. Lors de sa visite, Boris Johnson entend également "renforcer le lien étroit qui lie le Royaume-Uni et les Émirats arabes unis, et qui continuera d'exister sous la présidence de cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyane", a affirmé Downing Street dans un communiqué.
Le président américain, Joe Biden, a lui aussi salué cheikh Khalifa comme un "véritable partenaire et ami des États-Unis" et félicité son "ami de longue date", le prince héritier. "Les Émirats sont un partenaire essentiel des États-Unis", a assuré le président américain dans un communiqué, soulignant qu'il avait hâte de "renforcer les liens" entre les deux pays.
La Maison Blanche a également annoncé que la vice-présidente Kamala Harris se rendrait lundi à Abu Dhabi, à la tête d'une délégation, pour "présenter ses condoléances au nom de l'administration Biden-Harris et du peuple américain". Kamala Harris doit également rencontrer le nouveau président Mohammed ben Zayed pour "souligner la force du partenariat" entre les deux pays, selon un communiqué de la vice-présidence.
Autres grands alliés des Émirats, le roi Salmane d'Arabie saoudite et son prince héritier, Mohammed ben Salmane, ont exprimé leur "grande tristesse".
Israël, la Russie et l'Iran ont également présenté leurs condoléances.
France 24 avec AFP