La vice-présidente américaine rencontrera conjointement vendredi les dirigeants du Japon, de la Corée du Sud, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Canada après que la Corée du Nord a tiré un missile balistique intercontinental
Dernier épisode en date d’une série record de tirs de projectiles ces dernières semaines: la Corée du Nord a lancé, vendredi, un missile balistique intercontinental (ICBM), selon l’armée sud-coréenne. Un peu plus tôt, l’état-major sud-coréen avait indiqué avoir détecté «le lancement d’un missile balistique de longue portée présumé lancé vers 10h15 (1h15 GMT) depuis la zone de Sunan à Pyongyang en direction de la mer de l’Est».
La vice-présidente américaine Kamala Harris, qui participe à un sommet Asie-Pacifique à Bangkok, rencontrera conjointement vendredi les dirigeants du Japon, de la Corée du Sud, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Canada en marge du sommet «pour se consulter sur le récent lancement d’un missile balistique par la RPDC» (Corée du Nord, ndlr), a déclaré le responsable de la Maison Blanche. La réunion réunira les premiers ministres Fumio Kishida du Japon, Han Duck-soo de la Corée du Sud, Anthony Albanese de l’Australie, Jacinda Ardern de la Nouvelle-Zélande et Justin Trudeau du Canada.
Le Japon a déclaré que le missile était tombé dans ses eaux et qu’il avait la portée nécessaire pour atteindre le continent américain. Ce lancement fait suite à des semaines de tensions croissantes avec la Corée du Nord, dont les services de renseignement américains pensent qu’elle prépare un septième essai nucléaire. La Maison Blanche a qualifié ce dernier lancement de «violation éhontée de multiples résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies» qui «accroît inutilement les tensions» dans la région.
Le président Joe Biden a rencontré dimanche Fumio Kishida et le président sud-coréen Yoon Suk-yeol en marge d’un sommet de l’Asie du Sud-Est au Cambodge, et a lancé une mise en garde commune contre un essai nucléaire de la Corée du Nord. Pyongyang a considéré cette rencontre à trois comme une preuve de l’hostilité des États-Unis. Kamala Harris représente les États-Unis au sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique à Bangkok après que Joe Biden est rentré à Washington pour le mariage de sa petite-fille.
Un tir «absolument inacceptable»
Tokyo a précisé que le missile avait parcouru environ 1000 km et que les forces japonaises n’avaient pas tenté de le détruire en vol. Le ministre nippon de la Défense, Yasukazu Hamada, a indiqué que le projectile avait atteint une altitude maximale de 6000 km, et en a déduit qu’il s’agit d’un «missile balistique de classe ICBM, même si d’autres détails sont en cours d’analyse».
Le premier ministre japonais a qualifié d'«absolument inacceptable» ce tir. Il a averti que l’ICBM semblait être retombé dans sa zone économique exclusive (ZEE) maritime, près de l’île septentrionale d’Hokkaido. Les garde-côtes nippons ont demandé aux navires croisant dans les parages de ne pas s’approcher des débris pouvant flotter en mer. Pour l’instant, aucun dégât à des navires ou avions n’a été signalé.
«Nous avons sévèrement protesté auprès de la Corée du Nord. (Celle-ci) répète les actes de provocation à une fréquence sans précédent. Nous réitérons avec force que c’est absolument inacceptable», a dit Fumio Kishida. «Le Japon, les Etats-Unis et la Corée du Sud doivent se coordonner de près pour œuvrer à la dénucléarisation complète de la Corée du Nord.»
Le 3 novembre, la Corée du Nord avait déjà lancé un ICBM mais ce tir avait apparemment échoué, selon Séoul et Tokyo. Le pays avait rompu en mars dernier un moratoire qu’il s’était auto-imposé en 2017 sur les lancements de ce type de missiles à longue portée.
La «riposte militaire» de Pyongyang annoncée
La Corée du Nord avait déjà tiré, jeudi, un missile balistique à courte portée, quelques heures après une mise en garde de son ministre des Affaires étrangères. Plus Washington s’efforce de renforcer son alliance de sécurité avec Tokyo et Séoul, et «plus la riposte militaire de la RPDC sera féroce», a déclaré le ministre Choe Son Hui en employant le signe de la République populaire et démocratique de Corée, le nom officiel de la Corée du Nord.
La Corée du Nord a procédé début novembre à une rafale sans précédent de lancements de projectiles, dont celui d’un missile balistique qui est tombé près des eaux territoriales de la Corée du Sud. Le président Yoon a dénoncé une «invasion territoriale de facto». En septembre et octobre, Pyongyang avait déjà effectué une copieuse série de tirs, dont celui d’un missile balistique à moyenne portée qui, le 4 octobre, avait survolé le Japon pour la première fois depuis cinq ans.
Par Le Temps avec AFP