(Reuters) - La commission électorale nommée par la junte en Birmanie va dissoudre la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d'Aung San Suu Kyi, en l'accusant de fraudes lors des élections législatives de novembre dernier, rapporte vendredi l'agence de presse Myanmar Now, citant le président de cette commission.
La décision a été prise lors d'une réunion avec les partis politiques, boycottée par nombre d'entre eux, dont la LND, précise Myanmar Now.
La junte militaire, qui a pris le pouvoir le 1er février et placé en détention Aung San Suu Kyi, affirme que la large victoire de la LND au scrutin de novembre est due à des fraudes, bien que la commission électorale ait à l'époque rejeté ces accusations.
Cette fraude électorale était illégale "et nous devrons donc dissoudre le parti", a déclaré Thein Soe, le président de la Commission électorale de l'Union (UEC), cité par l'agence de presse.
Thein Soe a ajouté que les personnes ayant commis cette fraude seraient "considérées comme des traîtres" et que des mesures seraient prises à leur encontre.
Aucun représentant de la junte ni du gouvernement d'unité nationale clandestin formé par des partisans de la démocratie, notamment des dirigeants de la LND, n'a répondu dans l'immédiat aux demandes de commentaires.
Un porte-parole du Parti de la solidarité et du développement de l'Union, soutenu par l'armée, a de son côté déclaré qu'il n'était pas au courant de la décision finale de la commission électorale.
La LND, qui s'est constituée autour des principaux opposants au régime militaire lors d'un soulèvement mené par des étudiants en 1988, a été cofondée par Aung San Suu Kyi, figure de proue de la lutte contre la dictature en Birmanie.
Le parti a remporté la majorité des sièges lors des élections de 1990 mais la junte n'a pas reconnu ce résultat et il a fallu attendre 2015 pour qu'il accède au pouvoir par une victoire écrasante.
La lauréate du prix Nobel de la paix en 1991, âgée de 75 ans et dirigeante de facto du gouvernement évincé par les militaires, est désormais la cible de diverses poursuites judiciaires engagées par l'armée depuis le coup d'Etat du 1er février. Elle a notamment été inculpée en avril de violation d’une loi sur les secrets d’Etat datant de l’époque coloniale, la charge la plus lourde retenue contre elle jusqu’à présent.
Aung San Suu Kyi n'a été autorisée à s'entretenir avec ses avocats que par liaison vidéo, en présence de membres des forces de l'ordre.
Plus de 800 personnes ont été tuées dans la répression des manifestations contre le coup d'Etat militaire, selon l'organisation Association d'aide aux prisonniers politiques (AAPP), un bilan que Reuters n'a pas pu vérifier de manière indépendante.