La semaine cauchemardesque continue pour Boris Johnson. Après la révélation de sa présence à des fêtes organisées en plein confinement, le Premier ministre a dû présenter ses excuses, ce vendredi 14 janvier, à la reine pour une soirée ayant eu lieu la veille des obsèques de l'époux d'Elizabeth II, le prince Philip.
C'est l'une des images symboles de la rigueur des confinements au Royaume-Uni : la reine nonagénaire, de noir vêtue jusqu'au masque, assise seule dans la chapelle du château de Windsor lors des obsèques du prince Philip.
Jusqu'au petit matin ce 17 avril 2021, en plein deuil national, des collaborateurs de Downing Street, sans le Premier ministre, fêtaient le départ de deux membres de l?équipe, selon The Telegraph, le directeur de la communication James Slack, depuis rédacteur en chef adjoint du tabloïd The Sun, et un photographe personnel de Boris Johnson. Les fêtards, une trentaine, s?étaient rejoints dans les jardins de la résidence officielle, selon le journal conservateur qui jadis employait Boris Johnson. Un participant avait été envoyé acheter du vin rapporté à Downing Street dans une valise, précise-t-il.
« Il est profondément regrettable que cela ait eu lieu à une période de deuil national et le numéro 10 [Downing Street] a présenté des excuses au palais », a déclaré un porte-parole de Boris Johnson. À l'époque, les rencontres en intérieur étaient interdites, les Britanniques ne pouvant se retrouver qu'à six au maximum à l'extérieur.
Ces excuses sont particulièrement humiliantes pour le dirigeant conservateur, ouvertement critiqué dans sa majorité et confronté à sa pire crise depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2019.
Chute dans les sondages
Boris Johnson, 57 ans, n’était pas présent et se trouvait, selon un porte-parole cité par le Telegraph, dans sa résidence de campagne de Chequers. La liste s’allonge encore et encore. Vendredi après-midi, l’ancienne responsable du groupe chargée d’élaborer les restrictions anti-Covid, Kate Josephs, a, à son tour, présenté ses excuses pour avoir organisé une fête de départ dans les bureaux du gouvernement le 17 décembre 2020. Ces révélations qui semblent n’en plus finir mettent aussi en exergue, selon des témoins cités dans les médias, une véritable culture de la boisson à Downing Street.
Elles enfoncent encore davantage le dirigeant conservateur qui, cas contact Covid, n’a plus été vu en public depuis son mea culpa mercredi au Parlement pour sa présence à une de ces fêtes en mai 2020. Il avait affirmé avoir alors pensé qu’il s’agissait d’une réunion de travail. Désormais très affaibli dans les sondages, il bataille aujourd’hui pour son maintien à la tête du gouvernement.
Dans sa circonscription de l’Ouest londonien, nombre d’électeurs laissent éclater leur colère. « C’est absolument dégoûtant que celui censé être chef brise ses propres règles », se désole ainsi Keith Kelly, « déçu » mais « pas surpris ». « La reine était assise seule, en deuil, comme tant d’autres à l’époque, affectés par le traumatisme personnel et le sacrifice, afin de respecter les règles dans l’intérêt national », a dénoncé sur Twitter Angela Rayner, la cheffe adjointe du Labour, principale formation d’opposition.
Démission
Très critiques, plusieurs députés conservateurs, dont certains étaient jusqu’ici de fervents soutiens, se sont joints à l’opposition pour réclamer la démission de Boris Johnson. Dénonçant « un vide moral au cœur du gouvernement », Andrew Bridgen est le dernier en date à avoir adressé une lettre de défiance à un puissant comité régissant l’organisation parlementaire du Parti conservateur. S’il en reçoit suffisamment, ce dernier devra organiser un vote qui pourrait coûter sa place à Boris Johnson. Le Times affirme vendredi que cette enquête n’aurait pas permis de trouver suffisamment de preuves d’infractions pénales.