Le directeur des services grecs de renseignement Panagiotis Kontoleon a démissionné vendredi, sur fond de scandale d'espionnage présumé d'un homme politique et d'un journaliste par le logiciel illégal Predator, ont annoncé les services du Premier ministre grec.
"Le directeur des services nationaux de renseignements Panagiotis Kontoleon a présenté sa démission (...) qui a été acceptée par le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis", précise un communiqué. Cette démission intervient une semaine après la révélation de la tentative de surveillance du chef du parti socialiste grec, parti d'opposition, par le logiciel espion Predator.
"Scandale immense"
La tentative de surveillance du chef du parti socialiste grec par le logiciel espion Predator envenime le débat politique en Grèce, l'opposition de gauche accusant le gouvernement conservateur de vouloir "minimiser" ce "scandale immense".
Nikos Androulakis, dirigeant du Kinal-Pasok (socialiste), le troisième parti au parlement grec, a porté plainte devant la cour suprême la semaine dernière pour "tentative" d'espionnage sur son téléphone portable.
"Découvrir celui qui est caché derrière ces pratiques nocives n'est pas une question personnelle mais un devoir démocratique", a estimé l'eurodéputé socialiste.
Le gouvernement de droite affirme pour sa part que l'Etat n'a pas acheté ce genre de logiciels et estime que c'est à la justice d'enquêter.
Il s'agit du troisième cas de surveillance présumée en Grèce en moins d'un an: en avril Thanassis Koukakis, journaliste grec spécialisé en affaires financières avait saisi la justice, dénonçant l'attaque de son téléphone par Predator.
Et en février, l'écoute présumée par les services secrets d'un autre journaliste grec d'investigation sur les questions migratoires a été portée devant la cour suprême.
Dans les trois cas, le gouvernement a exclu "toute implication de l'Etat".
Mais des syndicats de journalistes grecs et étrangers ont dit leur "inquiétude" sur la situation de la liberté de presse, qui s'est dégradée en Grèce ces dernières années.
Sous la pression de journalistes, le porte-parole du gouvernement Yannis Economou a estimé, lors d'un point presse, que "vraisemblablement des particuliers" auraient utilisé Predator, excluant à nouveau la responsabilité des autorités.
Nikos Androulakis a riposté en exhortant le gouvernement à s'abstenir de "toute tentative (...) de minimiser cette affaire".
"Rien n'arrive par hasard", a renchéri le député du Kinal-Pasok Haris Kastanidis, appelant le gouvernement à identifier ces particuliers.
Par AFP