La Corée du Nord a tiré, mercredi 25 mai, un « missile balistique intercontinental (ICBM) présumé », dans le cadre d’une série de trois essais de missiles, a déclaré l’armée sud-coréenne, quelques heures après le départ de la région du président des Etats-Unis, Joe Biden.
Selon Séoul, au moins trois missiles ont été tirés de Sunan, dans la banlieue de Pyongyang, en direction de la mer du Japon à 6 heures (23 heures, mardi soir, à Paris), 6 h 37, et 6 h 42.
« Le premier missile balistique [l’ICBM présumé] a une portée d’environ 360 kilomètres et une altitude d’environ 540 kilomètres », a précisé l’état-major sud-coréen dans un communiqué. Le deuxième missile balistique « a disparu à une altitude de 20 km », et le troisième projectile – un missile balistique à courte portée présumé – a parcouru environ 760 km à une altitude d’environ 60 km. Le ministère de la défense japonais a déclaré que l’un des missiles balistiques avait suivi « une trajectoire irrégulière ».
« Un acte illégal »
Pyongyang poursuit la technologie qui permettrait de manœuvrer les missiles après leur lancement, notamment une « technologie de vol plané hypersonique », qui rendrait plus difficile l’interception par les systèmes de défense antimissiles.
« Le lancement successif par la Corée du Nord d’un missile balistique intercontinental présumé et de missiles balistiques de courte portée aujourd’hui est un acte illégal, en violation directe des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies », a déclaré le gouvernement de Séoul après une réunion du conseil national de sécurité.
L’armée sud-coréenne a également déclaré que la Corée du Sud et les Etats-Unis avaient effectué un « exercice de tir de missiles terre à terre », et mobilisé des avions de chasse en réponse aux « provocations présumées de la Corée du Nord concernant des ICBM et des missiles ».
Le régime nord-coréen, sous le coup de sanctions des Nations unies (ONU) pour ses programmes d’armement, a accéléré ses essais de missiles ces derniers mois, blâmant l’attitude « hostile » des Etats-Unis. Il a testé en mars un missile balistique intercontinental pour la première fois depuis 2017. Et les services de renseignement sud-coréens et américains le soupçonnent de préparer un essai nucléaire imminent, qui serait également son premier en cinq ans.
Washington ouvert au dialogue
« Les Etats-Unis condamnent les multiples tirs de missiles balistiques de la RPDC », a réagi un porte-parole du département d’Etat américain tard mardi, utilisant le nom officiel de la Corée du Nord. « Nous appelons la RPDC à s’abstenir de nouvelles provocations et à s’engager dans un dialogue de fond constructif », a-t-il ajouté.
Le gouvernement américain avait dit ces derniers jours s’attendre à une « provocation » de la part de Pyongyang pendant ou juste après le séjour de M. Biden, qui a achevé mardi soir une tournée en Corée du Sud et au Japon. Pendant son séjour à Séoul, le président des Etats-Unis et son nouvel homologue sud-coréen ont, selon ce dernier, évoqué une intensification de leurs exercices militaires conjoints, ainsi qu’un déploiement dans la péninsule d’avions de chasse et de missiles, « pour se préparer à une attaque nucléaire ».
Un accroissement des manœuvres communes entre Washington et Séoul risque de mettre en colère Pyongyang, qui considère ces exercices comme des répétitions générales d’invasion. Ces manœuvres ont été réduites ces dernières années en raison de la pandémie, et pour permettre aux prédécesseurs de MM. Biden et Yoon – Donald Trump et Moon Jae-in – de tenter un rapprochement avec la Corée du Nord.
Peu avant de quitter la Corée du Sud, dimanche, pour le Japon, Joe Biden avait lancé un singulier message à Kim Jong-un. Interrogé par un journaliste qui lui demandait s’il avait un message pour le dirigeant nord-coréen, le président a répondu par un laconique : « Bonjour. Point final. » Une façon de faire savoir que Washington reste ouvert au dialogue avec la Corée du Nord, même en l’absence de réciprocité.
Les pourparlers avec Pyongyang sont au point mort depuis l’échec d’un sommet en 2019 entre MM. Kim et Trump, le président américain de l’époque. Le régime nord-coréen a ignoré toutes les offres de dialogue formulées par Washington.
Par Le Monde avec AFP