L'investiture du président Lula se déroule, ce dimanche 1er janvier, à Brasilia en l'absence de Jair Bolsonaro, qui a quitté le pays avant même la fin de son mandat, et avec d'importantes mesures de sécurité face à la menace posée par ses partisans radicaux, a rapporté France 24.
À 77 ans, Luiz Inacio Lula da Silva doit être de nouveau proclamé président de la première puissance d'Amérique latine, après ses deux mandats de 2003 à 2010, et signer le retour de la gauche brésilienne au palais présidentiel du Planalto.
Jusqu'à 300 000 personnes sont attendues pour cette journée devant allier la pompe, avec des cérémonies réglées au millimètre, et la fête, avec des concerts, dans la capitale, habituellement paisible.
Parmi la cinquantaine de délégations étrangères présentes figurent 17 chefs d'État, dont les présidents de l'Allemagne, du Portugal, de plusieurs pays latino-américains comme l'Argentine, et le roi d'Espagne. Les États-Unis ont dépêché la secrétaire à l'Intérieur Deb Haaland et la Chine le vice-président Wang Qishan. La France est représentée par Olivier Becht, ministre délégué au Commerce extérieur.
Fait inédit depuis 1985 et la fin du régime militaire, le président sortant Bolsonaro ne ceindra pas son successeur de l'écharpe présidentielle jaune et verte, comme le veut la tradition. L'ex-président d'extrême droite, reclus et quasi muet depuis sa courte défaite d'octobre qu'il n'a pas digérée, a quitté le Brésil vendredi. Il se trouverait, selon le quotidienFolha, en Floride chez un ex-champion d'arts martiaux.
Sécurité renforcée
Alors que ses sympathisants les plus radicaux veulent empêcher l'accession de Lula au pouvoir et campent toujours devant des casernes de diverses villes, réclamant une intervention militaire, la sécurité a été renforcée. Toutes les forces de police du district de Brasilia, soit 8 000 agents, seront mobilisées, ainsi qu'un millier de policiers fédéraux, qui peuvent, si besoin, être soutenus par la Force nationale.
Le nombre de personnes pouvant assister au discours de Lula devant le palais de Planalto a été limité à 30 000, et le port d'armes interdit pour la plupart des civils.
Des patrouilles ont lieu à l'aéroport de Brasilia près duquel un engin explosif a été découvert voilà une semaine dans un camion-citerne, posé par un bolsonariste, qui voulait "créer le chaos" et "empêcher l'arrivée du communisme" au Brésil.
Les cérémonies commenceront à 14 h 20 (17 h 20 GMT) avec l'arrivée à la cathédrale de Lula et de son vice-président de centre droit, Geraldo Alckmin. Le débat sur le véhicule qui doit ensuite transporter Lula jusqu'au Congrès sera tranché "au dernier moment" : la traditionnelle Rolls Royce décapotable ou une voiture blindée pour des raisons de sécurité.
Lula sera officiellement investi président à 15 h (18 h GMT) après avoir prêté le serment de respecter la Constitution devant le Congrès. Puis, il se dirigera vers le Palais présidentiel du Planalto, joyau architectural signé Oscar Niemeyer, pour recevoir la fameuse écharpe présidentielle, sertie d'or et de diamants.
La foule sera massée pour écouter le discours du nouveau président sur la pelouse de l'immense esplanade des ministères, près de la place des Trois Pouvoirs, où se côtoient le palais de Planalto, le Congrès et la Cour suprême.
La future Première Dame, Rosangela da Silva, dite "Janja", a été la grande ordonnatrice du volet festif de la journée, avec des concerts avant et après les cérémonies officielles. L'épouse de Lula a promis une "grande fête populaire", avec de la musique sur deux scènes et une programmation éclectique, avec la drag queen Pabllo Vittar ou encore la légende vivante de la samba Martinho da Vila.
Dès samedi, des milliers de sympathisants du Parti des travailleurs (PT) de Lula avaient afflué à Brasilia en avion, autocar, covoiturage, ou même à vélo, s'installant dans un campement.
Quant à Lula, qui a complété son gouvernement de 37 ministres ces derniers jours, il va devoir dès lundi s'attaquer à une "tâche herculéenne", a dit son vice-président : l'équipe de transition a dressé un état des lieux très sombre du Brésil après quatre années de bolsonarisme.
Sources: France 24 avec AFP