Joe Biden a prononcé jeudi 1er septembre à Philadelphie un discours sombre et combatif, dans lequel il a dénoncé sans ambiguïtés le danger que représente selon lui pour la démocratie américaine Trump et la large faction des républicains qui le soutiennent.
«Donald Trump et les républicains MAGA représentent un extrémisme qui menace les fondements mêmes de notre République», a déclaré le président en mentionnant le nom de son prédécesseur, ce qu'il évite habituellement de faire. L'acronyme de Make America Great Again (rendre sa grandeur à l'Amérique), slogan de campagne de Trump en 2016 et en 2020, est devenu le synonyme du mouvement incarné par l'ancien président, et qui domine aujourd'hui largement le Parti républicain.
«Tous les républicains, et même la majorité des républicains, ne sont pas MAGA. Tous les républicains n'adhèrent pas à cette idéologie extrême, a estimé Biden. Mais il ne fait aucun doute que ce parti est aujourd'hui dominé, dirigé et intimidé par Donald Trump et les républicains MAGA, et ceci représente une menace pour notre pays».
Joe Biden avait choisi de façon symbolique de prononcer son discours depuis le bâtiment historique d'Independance Hall de Philadelphie, où a été signée en 1776 la Déclaration d'indépendance des États-Unis, et où a été rédigée pendant l'été 1787 la Constitution américaine. «Je suis venu à cet endroit où tout a commencé pour parler aussi clairement que possible à la nation des menaces auxquelles nous sommes confrontés, mais aussi du pouvoir que nous avons entre nos mains pour faire face à ces menaces, et de l'avenir incroyable qui est à notre portée si seulement nous le décidons», a expliqué le président démocrate.
«Les républicains MAGA ne respectent pas la Constitution»
Selon lui, cette expérience démocratique est aujourd'hui remise en question. «Nous devons être honnêtes les uns envers les autres et envers nous-mêmes : trop de choses qui se passent aujourd'hui dans notre pays ne sont pas normales. Et j'estime qu'il est de mon devoir… de dire la vérité, peu importe si c'est difficile ou pénible… Et voici cette vérité : Les républicains MAGA ne respectent pas la Constitution. Ils ne croient pas en l'État de droit. Ils ne reconnaissent pas la volonté du peuple. Ils refusent d'accepter les résultats d'une élection libre», a dit Biden, faisant référence au refus de Trump et de ses partisans de reconnaître son élection, près de deux ans après le scrutin de novembre 2020.
«Les républicains de MAGA ont fait leur choix», a-t-il accusé. «Ils embrassent la colère. Ils se nourrissent du chaos. Ils ne vivent pas dans la lumière de la vérité mais dans l'ombre des mensonges… Nous ne pouvons pas permettre que la violence soit normalisée dans ce pays. Nous devons tous la rejeter… avec toute la clarté morale et la conviction que cette nation peut rassembler… Nous ne pouvons pas laisser l'intégrité de nos élections être sapée, car c'est un chemin vers le chaos».
«Nous sommes un pays vaste et compliqué, a aussi reconnu le président américain. Mais la démocratie ne perdure que si nous respectons les garde-fous de la république… La démocratie ne peut pas survivre quand un camp croit qu'il n'y a que deux résultats à une élection : soit ils gagnent, soit il y a une fraude. Et c'est ce que les républicains MAGA sont aujourd'hui».
«Je ne resterai pas là à regarder des élections volées par des gens qui refusent simplement d'accepter qu'ils ont perdu, a annoncé Biden. Et en tant que président, je défendrai notre démocratie, et je demande à chaque Américain de se joindre à moi».
De difficiles élections de mi-mandat
S'il n'a pas de nouveau qualifié les partisans de Trump de «quasi-fascistes», comme il l'avait dit dans un précédent discours, il a clairement accusé l'ancien président de remettre en cause les règles du jeu démocratique par son refus de reconnaître la légitimité de son successeur.
À un mois d'élections de mi-mandat qui s'annoncent difficiles pour les démocrates, menacés de perdre leur majorité à la Chambre et au Sénat, Joe Biden a placé l'enjeu du scrutin bien au-delà d'un simple choix de politique générale. Face à Donald Trump qui a retrouvé sa position dominante au sein de l'électorat républicain, Biden se présente à nouveau comme un rempart face aux menées d'un adversaire qui ne respecte pas les règles du jeu démocratique. Ses arguments ne sont pas dénués de fondements mais il n'est pas certains qu'ils suffisent à remporter en novembre prochain des élections traditionnellement difficiles pour le président en place.
Par Le Figaro