L'Union africaine (UA) a condamné dimanche le coup d'Etat en Guinée, au cours duquel le président Alpha Condé a été arrêté par des militaires dont l'organisation continentale a exigé sa "libération immédiate".
Dans un communiqué conjoint, l'actuel président de l'UA, le chef de l'État de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, et le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, ont désapprouvé « toute prise de pouvoir par la force », a rapporté Louise.
Les deux dirigeants ont également exigé la "libération immédiate" de Condé, et exhorté le Conseil de paix et de sécurité et l'Organisation panafricaine à se réunir "d'urgence pour examiner la nouvelle situation en Guinée et prendre les mesures appropriées, compte tenu des circonstances".
Les forces spéciales guinéennes ont annoncé dimanche avoir capturé le président Alpha Condé et "dissout" les institutions après que, pendant plusieurs heures dans la matinée, des tirs d'armes automatiques aient été entendus près du palais présidentiel, dans le centre de Conakry, capitale du pays, ainsi que le mouvement des troupes dans les rues, selon les rapports des agences de presse internationales.
Le commandant des forces spéciales de l'armée, le colonel Mamady Doumbouya, a annoncé dans une vidéo que les militaires avaient accepté de « dissoudre la Constitution actuelle » et le gouvernement, puis est apparu à la télévision d'État, flanqué de plusieurs militaires, avec le drapeau national sur les épaules.
Il a informé, à l'époque, de la création du « Comité national de regroupement et de développement », avec pour objectif « d'initier une concertation nationale pour ouvrir une transition inclusive et apaisée », justifiant également le coup d'État par le « manque de respect des principes démocratiques, la politisation excessive de l'administration publique, la mauvaise gestion financière, la pauvreté endémique et la corruption », qui, selon lui, prévalent dans le pays.
Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a également condamné « toute prise de pouvoir par la force des armes ».
Guterres a également appelé, dans un message sur Twitter, « à la libération immédiate du président Alpha Condé » et a déclaré qu'il suivait la situation en Guinée-Conakry « de très près ».
La Guinée, pays d'Afrique de l'Ouest frontalier de la Guinée-Bissau, est l'un des plus pauvres au monde et fait face, ces derniers mois, à une crise politique et économique, aggravée par la pandémie du covid-19.
La candidature du président Alpha Condé à un troisième mandat, jugé inconstitutionnel par l'opposition, le 18 octobre 2020, a généré des mois de tensions qui ont fait des dizaines de morts.
L'élection a été précédée et suivie de l'arrestation de dizaines d'opposants.
Plusieurs défenseurs des droits humains critiquent la tendance autoritaire observée durant les dernières années de la présidence de Condé et remettent en cause les acquis du début de son gouvernement.
Condé, ancien opposant historique, emprisonné et même condamné à mort, est devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu du pays.