Mogadiscio - Les autorités somaliennes ont porté jeudi à 48 le nombre de morts dans une double attaque du groupe extrémiste Al-Shabab dans la ville centrale de Beledweyne, après un premier bilan de 28 morts.
"Nous pouvons confirmer pour l'instant que 48 personnes ont été tuées et 108 blessées dans les deux explosions", a déclaré le gouverneur de l'Etat de Hirshabelle, Ali Gudlawe Hussein, cité par l'agence de presse France-Presse (AFP).
Mercredi soir, une double attaque du groupe jihadiste Al-Shabab a été signalée dans la ville de Beledweyne, quelques heures après une autre attaque contre l'aéroport de la capitale, Mogadiscio, considérée comme la ville la plus sûre de ce pays africain situé dans la région troublée de la Corne de l'Afrique.
"Nous exhortons les citoyens à être très vigilants, nous ordonnons à toutes les agences de sécurité de renforcer la sécurité", a annoncé Hussein.
Le groupe Al-Shabab a revendiqué les attentats.
La première attaque a eu lieu près de la base militaire de Lamagalaay, un lieu fortement gardé où se déroulait le vote pour la chambre basse du Parlement somalien.
Lors de la deuxième attaque, une voiture piégée a explosé dans un hôtel voisin où séjournaient des politiciens locaux et des responsables électoraux.
Parmi les morts figure la députée Amina Mohamed, qui était dans cette zone en campagne électorale pour conserver son siège au Parlement lors des élections législatives en cours.
Le président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed Farmaajo a adressé ses "sincères condoléances" à la famille de la député et à "toute la nation somalienne".
L'ambassadrice de l'Union européenne (UE) dans le pays africain, Tiina Intelmann, a déclaré ce vendredi sur son compte Twitter que "la violence n'est pas une voie à suivre en Somalie", elle a condamné "le terrorisme et les meurtres", et a envoyé "ses condoléances à la famille de la députée Amina Mohamed".
Un ancien député, Ali Abdi Dhuhul, qui faisait campagne pour les élections, a également été tué dans ces attaques, tandis que l'ancien ministre somalien de l'éducation, Abdirahman Dahir Osman, a été blessé.
Ces attaques sont survenues quelques heures après une attaque contre le complexe qui abrite, entre autres, les bureaux de l'ONU à Mogadiscio, qui a fait au moins huit morts et 11 blessés.
Le 15 mars, la Somalie a raté une deuxième échéance pour achever les élections à la chambre basse, en raison de tensions politiques, de querelles de clans et d'irrégularités présumées.
En janvier, le Premier ministre somalien Mohamed Hussein Roble et les présidents des cinq États fédéraux du pays ont convenu d'achever le processus électoral d'ici le 25 février, un engagement qu'ils n'ont pas tenu.
La conclusion des élections législatives est une étape essentielle pour la tenue des élections présidentielles, qui ont été reportées à plusieurs reprises depuis 2021, malgré le mandat du président, Mohamed Abdullahi Mohamed Farmaajo, ayant expiré cette année-là.
Le report systématique des élections - qui sont soutenues par la communauté internationale, et contre la volonté d'Al-Shabab - est perçu comme une distraction par rapport aux problèmes essentiels du pays, comme la lutte contre le terrorisme.
Le groupe qui a revendiqué l'attaque contrôle des zones rurales dans le centre et le sud du pays et veut établir un État islamique "wahhabite" (ultraconservateur) en Somalie.
La Somalie est plongée dans le chaos depuis la chute du dictateur Mohamed Siad Barre en 1991, qui a laissé le pays sans gouvernement efficace et entre les mains de seigneurs de la guerre et de milices islamiques comme Al-Shabab.