Bangui (AFP) - Les rebelles centrafricains à l'offensive contre le régime du président Faustin Archange Touadéra fraîchement réélu ont mené pour la première fois mercredi deux attaques aux portes de Bangui contre l'armée et les Casques bleus mais ont rapidement été repoussés selon le gouvernement.
Il s'agit des premiers affrontements aux portes de Bangui depuis que six des principaux groupes armés, qui occupent deux tiers de la Centrafrique depuis le début de la guerre civile il y a huit ans, ont annoncé la formation mi-décembre de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) et lancé une offensive pour empêcher la réélection de M. Touadéra.
Ils menaient, jusqu'alors, des attaques sporadiques généralement repoussées par les quelque 12.000 Casques bleus de la mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca), appuyés par d'importants contingents lourdement armés de militaires rwandais et de paramilitaires russes fraîchement débarqués à la rescousse du gouvernement et de son armée.
A respectivement 9 et 12 km du centre de la capitale, à l'aube, des brigades de l'armée "ont été attaquées simultanément mais, grâce à la bravoure de nos forces et les appuis bilatéraux, nous avons pu repousser les assaillants qui sont en débandade actuellement", a assuré le ministre de l'Intérieur Henri Wanzet Linguissara.
- "Riposte immédiate" -
"Ce matin vers 6H00 à Bangui, la position de la Minusca au point kilométrique 12 (PK 12) a été attaquée par des éléments armés" et les forces de l'ONU ont déclenché "une riposte immédiate, avant l'envoi de renforts sur place, aucun blessé n'est à déplorer côté Minusca", a expliqué le lieutenant-colonel Abdoulaziz Fall, porte-parole des Casques bleus dans le pays. "Les échanges de tirs ont baissé mais la situation reste tendue", a-t-il ajouté deux heures après le déclenchement de l'attaque.
Trois membres des forces armées de Centrafrique (FACA) ont été blessés lors des attaques, a déclaré un gradé de la Minusca, qui a requis l'anonymat. Au moins deux rebelles ont été tués, a constaté un journaliste de l'AFP.
"J'ai peur, je ne sais même pas où est ma famille", s'inquiète Laïs, un habitant du PK 12, interrogé par l'AFP. "Nous voulons seulement la paix", implore-t-il.
De nombreux civils fuyaient la zone des combats, bagages sous les bras, pour rejoindre le centre-ville. Au loin, des tirs sporadiques se faisaient toujours entendre, selon un journaliste de l'AFP.
Les rues du centre-ville étaient cependant encore désertes en milieu de matinée et une forte présence militaire était déployée partout dans la ville.
Cette attaque des groupes armés intervient le jour où le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir, à la demande de la France, sur la Centrafrique avec à l'ordre du jour la présence de troupes étrangères et de mercenaires dans ce pays et l'embargo sur les armes, en vigueur depuis le début de la guerre civile.
Pour la présidentielle du 27 décembre, l'ONU avait pris la décision plutôt rare de renforcer pour deux mois sa force de paix avec 300 Casques bleus rwandais prélevés sur son contingent déployé au Soudan du Sud. Le Conseil de sécurité devra à court terme décider de leur avenir, entre retrait ou maintien prolongé.
- Attaques successives -
Cette réunion survient après deux nouvelles attaques menées durant le week-end contre des villes éloignées de Bangui et qui ont donné lieu à de violents combats.
A Bouar, cinquième ville du pays avec 40.000 habitants, à 340 km au nord-ouest de la capitale mais sur un axe routier crucial pour son ravitaillement, les Casques bleus, "en appui aux forces armées centrafricaines (FACA), ont repoussé les combattants (...) lors de violents combats survenus samedi", a déclaré dans un communiqué Vladimir Monteiro, porte-parole de la Minusca.
A Grimari, à 300 km au nord-est de Bangui, les groupes armés ont tenté dimanche "une entrée en force et ont tiré des roquettes sur le camp de la Minusca", a expliqué le colonel Abdoulaziz Fall.
Une deuxième session du Conseil de sécurité, qui doit se tenir le 19 ou le 21 janvier, a été demandée par la Centrafrique "en urgence" pour évoquer la situation sécuritaire dans une lettre datée du 5 janvier à laquelle l'AFP a eu accès.