Le président kényan William Ruto a assuré lundi à Kinshasa que la force régionale est-africaine en cours de déploiement dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) avait pour mandat d'"imposer la paix" aux groupes armés récalcitrants.
"Il y a beaucoup de troupes de maintien de la paix" (de l'ONU) dans cette région, mais "nous pensons qu'il n'y a pas beaucoup de paix à maintenir", a-t-il déclaré à la presse après une rencontre avec son homologue congolais Félix Tshisekedi.
"C'est pourquoi il est nécessaire d'avoir un contingent d'imposition de la paix", a-t-il ajouté.
La Communauté des États d'Afrique de l'Est (EAC) a décidé de créer une force régionale pour tenter de ramener la paix dans l'est de la RDC, en proie depuis près de trente ans aux violences de multiples groupes armés.
Le Kenya devrait contribuer à cette force à hauteur de 900 hommes, dont les premiers sont déjà arrivés à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu sous la menace d'une offensive des rebelles du M23.
Ancienne rébellion tutsi, le M23 a repris les armes en fin d'année dernière, en reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des engagements sur la démobilisation et la réinsertion de ses combattants.
Depuis, les rebelles se sont emparés de larges portions d'un territoire au nord de Goma, frontalier de l'Ouganda et du Rwanda, et s'affrontent depuis plusieurs jours à l'armée congolaise à une vingtaine de km au nord de la ville. Des combats ont aussi lieu plus au nord-est dans le même territoire, vers l'Ouganda, ainsi qu'à l'ouest, en direction du territoire voisin de Masisi.
La résurgence du M23 a provoqué un regain de tensions entre la RDC et le Rwanda.
Kinshasa accuse le Rwanda d'apporter au M23 un soutien que des experts de l'ONU et des responsables américains ont également pointé ces derniers mois. Kigali conteste, en accusant en retour Kinshasa de collusion avec les FDLR, des rebelles hutu rwandais implantés en RD Congo depuis le génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda.
- "Voie politique" -
En arrivant à Goma, le 16 novembre, le commandant de la force régionale, le général kényan Jeff Nyagah, avait déclaré qu'elle était "une force d'intervention, pas une force de maintien de la paix".
Il ajoutait toutefois que la voie recherchée en priorité pour ramener la paix était "la voie politique". Viennent ensuite "le désarmement et la démobilisation" des groupes armés, "pas seulement du M23", disait-il.
Une nouvelle session de pourparlers de paix est prévue dans les prochains jours à Nairobi.
William Ruto a rappelé lundi que les chefs d'Etat des sept pays de l'EAC (Burundi, Kenya, Rwanda, Tanzanie, Soudan du Sud, Ouganda et RDC) s'étaient "mis d'accord sur le mandat" de la force régionale, lequel mandat a été "communiqué au conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine, ainsi qu'au Conseil de sécurité des Nations unies".
Ce mandat, a-t-il insisté, est "d'assurer la paix dans l'est de la RDC et d'imposer la paix à ceux qui veulent à tout prix créer de l'instabilité et de l'insécurité" dans la région.
Outre des militaires kényans, cette force doit comprendre des soldats burundais (déjà présents dans la province du Sud-Kivu), des Sud-Soudanais et des Ougandais. Des militaires ougandais combattent par ailleurs depuis un an aux côtés de l'armée congolaise contre les rebelles ADF (Forces démocratiques alliées) dans le nord du Nord-Kivu et en Ituri.
L'effectif total de cette force multinationale n'a pas été précisé.
Les Casques bleus des Nations unies sont présents depuis fin 1999 en RDC mais de nombreux Congolais leur reprochent de ne pas avoir su mettre fin aux violences des groupes armés, en dépit des gros moyens engagés. La force de l'ONU dans le pays (Monusco) compte actuellement quelque 18.000 personnes, dont 16.000 militaires.
Par TV5Monde avec AFP