New York - La situation des droits humains en République centrafricaine est dans un état "alarmant" en raison des exactions commises par les rebelles, les forces gouvernementales et les alliés russes, a averti mercredi l'Organisation des Nations Unies (ONU).
Entre juillet 2020 et juin 2021, la mission de l'ONU en République centrafricaine (RCA), la Minusca, "a enregistré 526 cas de violations et atteintes aux droits humains et au droit international humanitaire à travers le pays", qui ont fait "au moins 1 221 victimes", dont 144 civils, selon un bilan.
Parmi ces violations, l'ONU a identifié "des exécutions sommaires et extrajudiciaires, des tortures et des mauvais traitements, des arrestations et détentions arbitraires (...) des violences sexuelles liées au conflit et des violations graves des droits des enfants".
La Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), alliance formée par des groupes armés en décembre 2020 dans le but de renverser le régime du chef de l'État, Faustin Archange Touadéra, et de perturber les élections présidentielles, « est responsable de plus de la moitié des incidents enregistrés (54%)", selon le document, cité par l'agence France-Presse.
« La CPC a tué et enlevé des civils, lancé des attaques contre des « casques bleus » et pillé les installations des organisations d'aide humanitaire », a déclaré l'ONU.
Le rapport appelle les groupes armés à "cesser toutes les attaques contre la population civile, y compris les violences sexuelles et le recrutement d'enfants".
L'organisation internationale a également pointé du doigt les Forces armées centrafricaines (FACA) ainsi que leurs alliés, les "instructeurs militaires russes", qui sont "responsables de 46% des incidents confirmés".
« Les preuves crédibles (...) indiquent que d'autres membres du personnel de sécurité (...) ont participé activement à des opérations militaires, notamment à la détention de suspects et à la pratique de traitements inhumains et de tortures » et qu'ils « ont également été impliqués dans des exécutions extrajudiciaires ».
Considérée par l'ONU comme le deuxième pays le moins développé au monde, la RCA est tombée dans le chaos et la violence en 2013, après le renversement du président de l'époque, François Bozizé, par des groupes armés réunis à la Séléka, ce qui a suscité l'opposition d'autres milices, regroupés dans les anti-Balaka.
Depuis lors, le territoire centrafricain a été le théâtre d'affrontements communautaires entre ces groupes, qui ont contraint près d'un quart des 4,7 millions d'habitants de la RCA à fuir leur foyer.
Le pays a connu un pic de violence à la mi-décembre, lorsque la CPC a lancé une offensive contre le régime du président Faustin Archange Touadéra.