Placés sous l'égide de la Communauté des États d’Afrique de l'Est, les pourparlers entre le gouvernement et les groupes armés devaient démarrer ce lundi (21.11) dans la capitale kényane, a rapporté DW.
Le gouvernement congolais écarte toute possibilité d’une négociation avec les rebelles du M23 qu’il considère comme un mouvement rebelle terroriste alors que la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) souhaite plus d’inclusivité notamment avec l’intégration du M23 dans les discussions. Le facilitateur désigné par la communauté des Etats de l'Afrique de l'Est, l'ancien président kényan Uhuru Kenyatta, revient d'une tournée en RDC, avec une visite à Goma (est de la RDC), où la population ne croit pourtant pas dans cette initiative.
La société civile appelle plutôt le gouvernement congolais à renforcer son armée afin de lutter contre ses ennemis. Kartumwa Sankara est une militante de la Lutte pour le changement, abrégée en Lucha (un mouvement citoyen basé en République démocratique du Congo, qui lutte pour la dignité humaine et la justice sociale. Fondé en 2012, ce mouvement citoyen rassemble plusieurs centaines de jeunes à travers le pays.
"Nous pensons que la solution durable c'est de renforcer l'armée parce que nous croyons que notre armée est forte, nous croyons que notre armée est capable de mettre fin à tous ces aventuriers du M23. De Nairobi, il ne proviendra rien, alors au lieu d'aller dialoguer, il est capital de nous concentrer sur comment nous allons mettre fin à l'insécurité qui est dans l'Est", a-t-elle expliqué à la DW.
Pas d'attente
Tout comme les membres de la société civile au Nord-Kivu, les acteurs politiques ne voient rien de nouveau dans ces échanges.
Patrick Mundeke, un responsable politique local, membre d'Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, n’apporte ainsi pas une grande confiance à la médiation d’Uhuru Kenyatta.
Il affirme "que ça soit le Kenya, que ça soit l'Ouganda, ce sont des gens qui savaient exactement ce qui se passe ici. Et quand ils veulent jouer aux sapeurs-pompiers c'est un peu comme se moquer de nous, les Congolais. Je pense que s'il faut une médiation, il faut vraiment une médiation neutre. Mais aussi il faut construire notre armée. Seule une armée républicaine va respecter la République démocratique du Congo. Une armée professionnelle, entraînée, bien équipée, bien payée...cela va faire respecter la RDC."
Beaucoup d’habitants de Goma estiment, de la même manière, que ces nouvelles négociations n'auront pas plus de résultats que les précédentes.
Les accords signés ne seront pas favorables à la population congolaise mais plutôt aux pays agresseurs, estime Josué Wallay, un habitant de Goma.
"On ne pense pas que d’éventuelles négociations peuvent encore nous amener loin parce qu'il y a toujours des accords qui seront signés. Mais pour ce qui concerne les accords signés dans la région des Grands-lacs, il n'y en a aucun qui nous soit favorable. Il n'y a que des complots pour détruire et continuer à piller les ressources naturelles de notre pays. Toutes ces négociations avec les pays agresseurs ne sont que des nouvelles stratégies pour nous assujettir, comme ils sont en train de les faire", témoigne Josué Wallay, habitant de Goma.
Un deuxième groupe de soldats Kenyans est arrivé à Goma, le 16 novembre, tandis que les combats se poursuivent à Kibumba, à une vingtaine de kilomètres de Goma.
Cette nouvelle unité rejoint la centaine d’hommes déjà sur place. Ils ont pour mission de préparer l’arrivée du gros des troupes, dont la date de déploiement n’est pas précisée.
Reprise des combats
Après une accalmie de courte durée, les combats ont repris dans l‘est de la RDC entre les forces armées congolaises et les rebelles du M23. Selon plusieurs sources, les rebelles se sont emparés de plusieurs villages, à quelque 35 km d'Ishasha, localité frontalière de l'Ouganda située non loin du Lac Edouard.
Plus au sud, les combats ont aussi repris hier matin à une vingtaine de km au nord de la grande ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, au niveau de Kibumba, toujours dans l’est du pays.
Ces combats se poursuivent, alors que le président kényan, William Ruto, est arrivé le dimanche (20 novembre) à Kinshasa pour une courte visite durant laquelle il doit rencontrer son homologue Félix Tshisekedi. William Ruto devrait discuter investissements, intégration régionale et, surtout, évoquer la situation sécuritaire dans l’est de la RDC avec son homologue congolais.
Par DW