Le premier ministre belge Alexander De Croo a renouvelé lundi 20 juin les «excuses» de la Belgique pour la responsabilité de certains dirigeants et fonctionnaires de l'ex-puissance coloniale dans l'assassinat du héros congolais de l'indépendance Patrice Lumumba, au Katanga en 1961.
«Cette responsabilité morale du gouvernement belge, nous l'avons reconnue et je la répète à nouveau en ce jour officiel d'adieu de la Belgique à Patrice Emery Lumumba. Je souhaiterais ici, en présence de sa famille, présenter à mon tour les excuses du gouvernement belge pour la manière dont il a pesé sur la décision de mettre fin aux jours du premier ministre du pays», a affirmé Alexander De Croo à l'occasion de la restitution à ses proches d'une dent de Patrice Lumumba.
Menace pour les intérêts économiques
Le premier ministre belge s'exprimait devant son homologue congolais Jean-Michel Sama Lukonde et les enfants de Patrice Lumumba, réunis devant un cercueil qui devait accueillir un coffret contenant la dent. Premier ministre de l'ancien Congo belge devenu indépendant le 30 juin 1960 (l'ex-Zaïre, aujourd'hui la République démocratique du Congo), Patrice Lumumba a été renversé dès la mi-septembre 1960 par un coup d'Etat.
Il a été exécuté le 17 janvier 1961 avec deux frères d'armes, Maurice Mpolo et Joseph Okito, par des séparatistes de la région du Katanga (sud), avec l'appui de mercenaires belges. Perçu comme prosoviétique par Washington en pleine guerre froide, considéré comme une menace pour les intérêts économiques occidentaux au Congo, il a acquis après sa mort la stature d'un champion africain de l'anti-impérialisme.
Son corps, dissous dans l'acide, n'a jamais été retrouvé. Revenant sur les conditions de ce «terrible» assassinat, dans un Katanga sécessionniste refusant de reconnaître le nouveau pouvoir issu de l'indépendance, Alexander De Croo a pointé du doigt des responsables belges qui à l'époque «ont choisi de ne pas voir», «de ne pas agir».