Tunis (AA) - Des milliers de personnes ont participé, ce dimanche, dans le centre de la capitale tunisienne, à un rassemblement protestataire contre la politique du président Kaïs Saïed.
La correspondante de l'Agence Anadolu rapporte que des milliers de personnes se sont rassemblées devant le théâtre municipal du centre de la capitale, à l'invitation du mouvement "Citoyens contre le putsch" (une initiative populaire) et du "Front de salut national" (qui regroupe plusieurs militaires et députés).
La manifestation a été organisée en présence d'un important dispositif sécuritaire dans la rue principale de la capitale et les entrées voisines qui y mènent. Toutes les personnes ayant traversé l'avenue ont été sujettes à des fouilles sécuritaires.
Les manifestants ont scandé des slogans contre le chef de l'Etat, notamment : "Le peuple veut ce que Saïed ne veut pas", "A bas le coup d'Etat", "Non à la division du peuple", et "Constitution, liberté, dignité nationale"...
Les manifestants ont récité Al-Fatiha et observé une minute de silence à la mémoire de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh, tuée par une balle de l'armée israélienne dans le nord de la Cisjordanie, mercredi dernier.
En marge de cette action, le leader du mouvement Ennahda, Sayed Ferjani, a déclaré que le coup d'État doit être déjoué et ses parrains doivent quitté le pouvoir. "Depuis ce putsch, la Tunisie n'a rien vu de bon, et le problème du citoyen est devenu aujourd'hui l'obtention de la farine et de l'huile et de recevoir à temps."
Il a affirmé à l'Agence Anadolu : "Avant le coup d'État, nous étions à la recherche d'une percée pour résoudre de nombreux problèmes importants tels que le chômage, et aujourd'hui, tous les secteurs vont mal, y compris l'agriculture et même le sport, en particulier le football".
Et Ferjani d'ajouter, "dialogue national est dans l'intérêt de tous, et si nous voulons savoir qui est soutenue par les parties étrangères, il suffit de regarder le soutien populaire du chef de l'Etat. La foule présente aujourd'hui est deux fois plus nombreuse que celle qui soutenait Saïed. S'ils veulent un dialogue national, nous sommes prêts à discuter de la situation du pays".
De son côté, l'ancien conseiller du président Saïed, Abdel Raouf Beltabib, a déclaré à l'Agence Anadolu que sa participation à cette action avec les manifestants, émane de son devoir de citoyen qui rejette les dérives autoritaires et le coup d'Etat.
"Il est impératif de revenir à la raison et de s'asseoir à la table du dialogue, qui est la seule solution pour surmonter la crise dans le pays ", a-t-il souligné.
La Tunisie est en proie à une grave crise politique depuis que Saïed a décidé le 25 juillet de révoquer le Chef du gouvernement Hichem Mechichi, et de geler les pouvoirs du Parlement pour une durée de 30 jours, dans le cadre de mesures exceptionnelles justifiées par la détérioration de la situation économique et l’incapacité de l’exécutif à gérer la crise pandémique.
Certains partis politiques, dont le mouvement Ennahdha, ont considéré lesdites mesures comme un « coup d’Etat contre la Constitution », tandis que d'autres y ont été favorables, estimant qu'il s'agissait d'un « redressement du processus révolutionnaire ».
Par Agence Anadolu