Johannesburg - L'ancien ministre des Finances du Mozambique, Manuel Chang, sera extradé vers les Etats-Unis suite à l'affaire de dettes cachées en cours dans son pays, a statué mercredi un tribunal sud-africain.
Après avoir lu le verdict de 75 pages par visioconférence, la juge Margarete Victor a conclu que la décision du ministre sud-africain de la justice, Ronald Lamola, de déporter Chang vers le Mozambique "est invalide".
"En conséquence, j'ordonne, premièrement, que la décision du deuxième défendeur [Ministre de la Justice] le 23 août 2021 d'extrader le premier défendeur [Manuel Chang] vers la République du Mozambique soit déclarée incompatible avec la Constitution de la République d'Afrique du Sud, à partir de 1996, et il est invalide et nul", a-t-elle déclaré.
« Deuxièmement, la décision du deuxième défendeur [Ministre de la Justice] du 21 mai 2019 est remplacée par la suivante : M. Manuel Chang doit être remis et extradé vers les États-Unis d'Amérique pour être jugé pour ses crimes présumés, dans le États-Unis d'Amérique, tel que contenu dans la demande d'extradition du 28 janvier 2019", a conclu la juge sud-africain.
Le ministère sud-africain de la Justice et l'avocat de Manuel Chang ont déclaré qu'ils commenteraient la décision après avoir vu le verdict prononcé.
L'ancien responsable du gouvernement mozambicain, détenu en Afrique du Sud depuis décembre 2018 à la demande des États-Unis, serait impliqué dans l'affaire des « dettes cachées », d'un montant de plus de 2,2 milliards de dollars (environ deux milliards d'euros), contractée entre 2013 et 2014 auprès des succursales britanniques des banques d'investissement Credit Suisse et VTB par les sociétés d'État mozambicaines Proindicus, Ematum et MAM.
Les prêts ont été secrètement garantis par le gouvernement du parti Frelimo (au pouvoir au Mozambique), dirigé par le président de la République de l'époque, Armando Guebuza, à l'insu du parlement et du tribunal administratif du pays voisin.
