BAMAKO: La junte au pouvoir au Mali a défié jeudi ses partenaires régionaux en annonçant le lancement d'un "processus" de transition de "deux ans" alors que ceux-ci demandent à Bamako d'organiser des élections en 16 mois maximum, lit-on sur ARABNEWS.
"A partir de cet instant nous engageons le processus de mise en oeuvre de tout le plan de la transition pour les deux ans qui ont été retenus par le président de la transition", le colonel Assimi Goïta, à la tête du pays depuis mai 2001, a déclaré Choguel Maïga, le Premier ministre installé par les militaires.
Pour autant, a-t-il assuré, "les discussions ne sont pas rompues" avec la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui presse la junte de rendre rapidement le pouvoir aux civils.
Mais "la preuve est faite par A+B qu'on ne peut pas aller en-deçà de 24 mois", et "on ne peut pas accepter [...] de précipiter les élections, de les bâcler pour avoir la conscience tranquille", a ajouté M. Maïga devant le Conseil national de la transition (CNT), instance faisant office d'organe législatif et dont les membres ont été nommés par le pouvoir.
Plongé depuis 2012 dans une crise sécuritaire profonde que le déploiement de forces étrangères n'a pas permis de régler, le Mali a connu deux coups d'Etat militaire depuis août 2020.
Comme la Guinée et le Burkina Faso, où des militaires ont pris le pouvoir en septembre 2021 et janvier 2022 respectivement, le pays est mis sous pression par la Cédéao.
L'organisation régionale a suspendu les trois pays de ses instances et impose de lourdes sanctions économiques au Mali, un "embargo" qui viole "ses propres textes", selon M. Maïga, qui a dénoncé "le fait du prince".
En mars, la Cédéao demandait l'organisation d'élections dans un délai de 12 à 16 mois au Mali. Une visite à Bamako de son médiateur pour la crise malienne, l'ancien président nigérian Goodluck Jonathan, n'était pas parvenue alors à ramener le délai de la transition voulu par les militaires sous la barre des deux ans.