Une foule immense s'est rassemblée mercredi 1er février pour assister à une messe géante du pape François, au deuxième jour de sa visite en République démocratique du Congo (RDC).
Des centaines de milliers de personnes se sont regroupées sur le tarmac de l'aéroport de N'Dolo, dans l'est de la capitale, pour cette messe en plein air présidée par le jésuite argentin. Beaucoup de fidèles sont arrivés dès mardi soir pour passer la nuit sur place.
Arrivé en "papamobile", le pape a salué la foule qui l'a acclamé avec des drapeaux et des chants traditionnels dans une ambiance survoltée, sous un grand soleil et un important dispositif de sécurité.
"Quand le pape (Jean Paul II) est venu pour la première fois, c'était de l'histoire, j'avais 15 ans, aujourd'hui j'en ai 55, donc assister à une première messe papale est très important", déclare à l'AFP Adrien, arrivé avant l'aube.
"Comme notre pays a beaucoup de problèmes, c'est la réconciliation que nous cherchons, et le pape va donner un message pour que les pays qui nous entourent nous laissent en paix !", ajoute-t-il, vêtu d'une chemise colorée avec le logo de la visite papale dans le dos.
Dans son homélie en italien, traduite en français, le souverain pontife a d'abord souhaité la paix aux fidèles en lingala, une des quatre langues nationales de la RDC. Il les a ensuite invités à "ne pas céder aux divisions" devant les "blessures" du pays.
Mais ce sont plutôt les propos de l'archevêque de Kinshasa, Mgr Fridolin Ambongo, qui ont été acclamés quand, vers la fin de la messe, ce dernier a appelé à des élections "libres, transparentes, inclusives et apaisées".
Une présidentielle est prévue en fin d'année en RDC.
Parmi les personnalités présentes à Ndolo figuraient le président Félix Tshisekedi, candidat à sa succession, et plusieurs opposants décidés à briguer la présidence.
"Cessez d'étouffer l'Afrique"
Arrivé mardi dans la capitale du plus grand pays catholique d'Afrique, Jorge Bergoglio a dénoncé le "colonialisme économique" qui "se déchaîne" dans ce pays au sous-sol d'une immense richesse et à la terre fertile, dont les deux tiers des quelque 100 millions d'habitants vivent sous le seuil de pauvreté.
"Cessez d'étouffer l'Afrique : elle n'est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser", a lancé le pape devant les autorités et le corps diplomatique au palais présidentiel.
Quelques heures plus tôt, il avait été accueilli dans la liesse populaire avec clameurs, banderoles et drapeaux par des dizaines de milliers de personnes massées le long des grandes avenues de la mégapole de quelque 15 millions d'habitants.
Autre temps fort de cette étape à Kinshasa, le chef spirituel de l'Église catholique rencontrera mercredi après-midi des victimes de violences dans l'est du pays.
François devait initialement se rendre à Goma, dans le Nord-Kivu, province congolaise frontalière du Rwanda en proie à de nombreuses violences et à la résurgence du groupe armé M23 qui a conquis au cours des derniers mois de vastes pans du territoire.
Mais cette étape, qui figurait dans le voyage prévu en juillet 2022 puis reporté à cause des douleurs au genou du pape de 86 ans, a finalement été supprimée en raison des risques de sécurité, jugés trop importants.
L'est de la RDC compte des dizaines d'autres groupes armés, dont des rebelles islamistes qui prennent pour cible des civils.
Mardi, le pape a exhorté les Congolais à ne pas "glisser dans le tribalisme et la confrontation" et "encouragé les processus de paix en cours" afin que "les engagements soient tenus".
Il a aussi évoqué l'environnement, l'éducation, les problématiques sociales et sanitaires, des thématiques sur lesquelles il devrait revenir lors de ses prochaines prises de parole.
Mercredi en fin d'après-midi, le pape prononcera son troisième et dernier discours de la journée devant des représentants d'œuvres caritatives.
Il s'agit du quarantième voyage international de François depuis son élection en 2013, le cinquième sur le continent africain. Après Kinshasa, il rejoindra vendredi Juba, capitale du Soudan du Sud, plus jeune État du monde et parmi les plus pauvres de la planète.
Source: France24 avec AFP