Le ministère algérien de l'Energie et des mines a brandi, ce mercredi, la menace de rompre le contrat gazier avec l'Espagne. Dans un communiqué rendu public, en fin d'après-midi, le ministre a évoqué une décision espagnole d'alimenter le Maroc en gaz naturel algérien via le gazoduc Maghreb-Europe (GME), lit-on sur AA.
"Tout acheminement de gaz naturel algérien livré à l'Espagne, dont la destination n'est autre que celle prévue dans les contrats, sera considéré comme un manquement aux engagements contractuels, et par conséquent, pourrait aboutir à la rupture du contrat liant la Sonatrach à ses clients espagnols", a indiqué le ministère algérien dans son document.
Selon la même source, le ministre de l'énergie, Mohamed Arkab, a été informé "ce jour par message électronique, par son homologue espagnole, Mme Teresa Ribera, de la décision de I'Espagne d'autoriser le fonctionnement, en flux inverse, du Gazoduc Maghreb Europe (GME)". La ministre espagnole a informé son homologue algérien que "cette opération interviendra ce jour ou demain".
L'Algérie, en conflit diplomatique avec le Maroc depuis l'été 2021, a décidé d'abandonner le GME en novembre de la même, préférant approvisionner l'Espagne à travers le gazoduc la reliant directement à la péninsule Ibérique. Mais la décision du gouvernement espagnol de soutenir, à partir du mois de mars dernier, le plan marocain de l'autonomie du Sahara Occidental a changé la nature des relations algéro-espagnoles.
Les autorités algériennes, via la Sonatrach, ont affiché d'abord leur volonté de réviser à la hausse les prix de gaz livré à l'Espagne. Alger a, ensuite, tenté de rassurer l'Europe en concluant un accord sur l'augmentation des approvisionnements destinés à l'Italie, via la Tunisie. C'est la première fois, rappelons-le, que l'Algérie menace de fermer les vannes à l'Espagne. Lors d'une interview diffusée, samedi dernier, par la télévision algérienne, le président Abdelmadjid Tebboune avait assuré que son pays ne pénalisera pas le peuple espagnol.
"Nous devons faire la distinction entre le Gouvernement espagnol et l’Etat espagnol avec lequel nous avons des liens très forts. Nous exigeons l’application du droit international afin que les relations reviennent à la normale avec l’Espagne (...) L'Algérie ne renoncera pas à son engagement d’approvisionner l’Espagne en gaz, quelles que soient les circonstances », avait déclaré le chef de l'Etat algérien.