Pretoria - Les autorités sud-africaines ont ouvert une enquête judiciaire sur la mort de 144 patients atteints de troubles mentaux en 2016 en raison du manque de soins adéquats dans des établissements de santé non agréés, selon une première audience tenue lundi.
Des décès sont survenus entre avril 2016 et janvier 2017, principalement dus à la pneumonie, la déshydratation et la diarrhée après le transfert de patients d'hôpitaux privés vers 27 centres mal équipés.
Au total, plus de 1700 patients ont été transférés en quelques jours sur ordre du département provincial de la santé de Gauteng pour faire officiellement des économies.
Le juge sud-africain Mmonoa Teffo entendra les déclarations qui donneront lieu à des poursuites contre les responsables qui étaient alors en charge de cette administration, a rapporté lundi l'agence France-Presse (AFP).
Selon le procureur Pieter Luyt, "la majorité des personnes décédées se trouvaient dans des ONG (organisations non gouvernementales) qui n'étaient pas correctement surveillées ou surveillées du tout" et qui n'avaient pas la capacité ou le personnel qualifié pour s'occuper des patients.
Au début de l'audience, qui s'est tenue à la Cour suprême de Pretoria, le procureur a estimé que la "précipitation" de transférer les patients avait entraîné leur réinstallation dans des "établissements non équipés à cet effet".
"Les preuves montreront que leur mort a été causée par la négligence, la torture et les mauvais traitements", a déclaré l'avocate Adila Hassim, qui a représenté certaines des familles des victimes.
L'avocate a expliqué que les familles ont l'intention de prouver que le comportement des responsables gouvernementaux et des dirigeants des ONG « a causé la mort » de patients.
"Ils ont choisi de les laisser dans ces maisons, où ils n'auraient pas assez de nourriture et d'eau, de chauffage, de surveillance adéquate ou d'accès aux médicaments", a-t-elle ajouté.
L'avocate a récupéré l'expression "pièges mortels", faisant écho aux propos du juge à la retraite de la Cour constitutionnelle Dkgang Moseneke.
Moseneke a mené l'enquête préliminaire réalisée en 2018 par un panel nommé par le gouvernement et avait condamné l'Exécutif à verser un million de rands (58 355 € au taux de change actuel) à chacune des familles des patients pour le traumatisme et les dommages causés.